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Les animaux, bons compagnons en toutes circonstances

Par Agathe Perrier, le 10 avril 2020

Journaliste

Fidèles parmi les fidèles, les animaux de compagnie sont, comme nous, confinés à la maison. De façon générale, leur quotidien ne devrait pas subir de perturbations : les vétérinaires sont toujours là pour les soins et les aliments, les familles pour les caresses, la SPA pour les esseulés.

Contrairement à certaines rumeurs, les animaux ne représentent pas un risque de contamination au coronavirus. Ils sont, de surcroît, une source de réconfort supplémentaire dans cette période d’incertitudes. Alors n’hésitez pas : adoptez-les !

 

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Les docteurs Pinto (en haut) et Cabassu (en bas), vétérinaires à Marseille © DR

Comme 30% des foyers français, j’ai un chat (bonus). Très actif, il ne passe pas sa journée à dormir mais à vagabonder de jardin en jardin. Alors quand la rumeur de confinement total a été officiellement confirmée, j’ai été prise d’une inquiétude : qui va le soigner si un problème survient en cette période ? Réponse toute simple : le vétérinaire ! Comme d’habitude.

« On doit rester ouvert pour assurer la continuité des soins. Les urgences, évidemment, ainsi que le suivi de l’état médical de certains animaux », explique Julien Cabassu, docteur vétérinaire au sein de la clinique de même nom, située dans le 6e arrondissement de Marseille. Et son confrère Frédéric Pinto, exerçant à la clinique du Parc Dromel (9e arrondissement), d’ajouter : « On décale tout ce qui peut l’être, à savoir la vaccination et la chirurgie de convenance. Et on gère la bobologie par téléphone lorsque c’est possible. C’est important de maintenir l’activité, mais on doit le faire en évitant d’exposer les équipes et la population ». Me voilà rassurée. Et mon Mozart – c’est son petit nom – libre de retourner vaquer à ses occupations extérieures sans restrictions.

 

Une réorganisation nécessaire en interne

Si les boules de poils sont aussi bien traitées que d’ordinaire, l’organisation au sein des établissements vétérinaires a dû être modifiée. À la clinique Cabassu, c’est rendez-vous obligatoire, y compris en cas d’urgence ou pour récupérer un sac de croquettes. « Cela nous permet de réguler l’affluence. On reçoit d’ailleurs les personnes au maximum à l’extérieur des locaux, afin d’éviter les contacts avec le personnel. »

Autre grande nouveauté : les propriétaires ne sont plus admis pendant les consultations. Ils attendent à l’extérieur durant toute la durée du rendez-vous. Les questions habituelles se font même par téléphone pour limiter au maximum les contacts. Situation peu ou prou identique à la clinique du Parc Dromel, où la salle d’attente reste vide. « Chacun vient tour à tour déposer son animal et l’attend dans sa voiture. Pour assurer une qualité de soin identique à d’ordinaire, on travaille systématiquement en binôme avec un infirmier », précise le docteur Pinto. Les animaux sont libérés en fin de consultation, toujours à l’extérieur et avec le moins d’échanges possible.

 

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Mozart © AP
Sur le pont pour le bien des animaux

L’activité des vétérinaires a néanmoins nettement diminué. D’environ 30% à la clinique du Parc Dromel, davantage encore du côté de Cabassu où les équipes tournent désormais à effectif réduit. Chaque structure s’adapte de son mieux à la situation. « La baisse est difficile à évaluer pour le moment. On a alterné entre journées extrêmement calmes et d’autres beaucoup plus chargées. Elle devrait toutefois être de l’ordre des deux tiers sur le mois de mars », confie le docteur Cabassu.

Les vétérinaires ne sont pas les seuls mobilisés pour continuer à prendre soin de nos animaux pendant cette période de confinement. Des associations, et notamment la SPA Marseille Provence, restent ouvertes. Là aussi, une réorganisation s’est imposée. « Tous les salariés travaillent. On compte seulement deux arrêts. Quant aux bénévoles, ils ont des laissez-passer pour venir soigner et nourrir les animaux », détaille Xavier Bonnard, responsable du refuge installé à La Valentine (11e arrondissement).

 

Pas de hausse des abandons

Des rumeurs ont rapidement circulé dès le début de l’épidémie de coronavirus, notamment sur les réseaux sociaux, laissant croire que les animaux en sont porteurs et peuvent le transmettre à l’homme. Très vite, le personnel de la SPA a largement communiqué afin d’y mettre fin. Redoutant une masse d’abandons et une « bonne excuse » pour certains propriétaires prompts à se débarrasser de leur animal de compagnie.

« L’Organisation Mondiale de la Santé indique, qu’à ce jour, aucun élément ne permet de penser que les animaux de compagnie sont impliqués dans la circulation du virus. Toutes les sources scientifiques concordent », peut-on lire sur le site de la SPA nationale. Les docteurs Cabassu et Pinto confirment. Ce dernier précise : « L’animal peut porter le virus sur son poil et ce, seulement à cause de l’homme, qui lui aurait déposé en le caressant par exemple. D’où la nécessité d’appliquer les gestes barrières avec lui comme avec n’importe quel être humain. On se lave les mains après l’avoir touché lui, ou ses objets (gamelle, jouets, litière) ».

Quant au risque que l’animal ramène le virus sur lui après être allé dehors, il est là aussi faible. « Ce n’est pas la peine de laver ses pattes après chaque sortie et surtout pas avec de l’alcool ! », alerte Frédéric Pinto. Les questions de propriétaires inquiets inondent les standards téléphoniques des cliniques et de la SPA. L’antenne marseillaise a augmenté ses effectifs de secrétariat pour y répondre, ainsi que via les réseaux sociaux. Au niveau national, l’association a créé une page spéciale – bien utile – où elle regroupe l’ensemble des interrogations sur le sujet (bonus).

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Adoption possible et recommandée

Le refuge marseillais compte environ 800 animaux actuellement. Dont 250 chiens et 350 chats dans l’attente d’une nouvelle famille. Il est possible de les adopter, même en ce moment. « L’animal de compagnie est le seul nouvel ami qu’on peut avoir en cette période de confinement. Et il n’attend qu’une chose, c’est de se confiner avec vous », lance Xavier Bonnard. La SPA publie quotidiennement des annonces d’animaux à recueillir sur sa page Facebook. Les bêtes sont vaccinées, pucées, stérilisées : prêtes à rejoindre un foyer. Il suffit pour cela de contacter l’association. Elle prend toutefois des précautions avant de laisser partir un animal. Notamment pour s’assurer que l’adoption ne sera pas une source de compagnie seulement pendant le confinement.

Le docteur Pinto voit dans les animaux de compagnie un vrai soutien moral. Précieux déjà en temps normal. Autant, si ce n’est plus, lors de cette période d’absence de lien social. « Prenez soin d’eux et tout se passera bien », rassure le vétérinaire. Ces bêtes sont fidèles parmi les fidèles. À nous de l’être aussi. ♦

Les animaux, compagnie de confinement idéale

Bonus :
  • La SPA répond à vos questions – La SPA consacre une page entière de son site internet à toutes les questions que l’on se pose à propos du coronavirus et des animaux. «Les animaux ont-ils et transmettent-ils le COVID-19 ? » « Dois-je prendre des précautions avec mon animal ? Dois-je abandonner ou tuer mon animal ? » et bien d’autres encore. À retrouver en cliquant ici.

 

  • Les vétérinaires et la SPA solidaires – Les cliniques Cabassu et du Parc Dromel ont mis leurs appareils (respirateurs, concentrateurs d’oxygène, monitorings) à disposition du personnel soignant, comme demandé par l’Ordre des Vétérinaires. Ils n’ont pas, pour le moment, été réquisitionnés. Les deux établissements ont cependant déjà donné masques, gants et blouses.
    La SPA, de son côté, fournit gratuitement des croquettes à des structures partenaires. Comme les mères nourricières, qui donnent à manger aux animaux errants, ou à l’association Vendredi 13 qui vient en aide aux sans-abris. Elle accepte d’ailleurs les dons de croquettes venant de particuliers pour faire le lien avec ses différents partenaires, en cliquant ici.

 

  • Les Français et les animaux de compagnie  50% des Français ont un animal de compagnie d’après la FACCO (Fédération des producteurs d’aliments pour chiens, chats, oiseaux, poissons et petits mammifères), qui publie une enquête bisannuelle depuis plus de 20 ans sur le sujet. Parmi eux, environ 31% ont un chat et 20% un chien. À la troisième place du podium se trouvent… les poissons (9% des foyers). Tous les chiffres de l’enquête 2018 sont à retrouver en cliquant ici.