Fermer

Le vélo convient à bien des métiers !

Par Paola Da Silva, le 6 novembre 2023

Journaliste

Les Vélectriciens, entreprise nantaise créée en juin 2021, utilise le vélo-cargo comme unique moyen de déplacement ©DR
Livreur, restaurateur, mais aussi plombier, DJ, luthier… : il est souvent bien plus facile pour un professionnel de se déplacer en centre-ville à vélo qu’en camionnette. C’est ce message que porte l’association Les Boîtes à Vélo, créée en 2013 à Nantes avant d’essaimer depuis un peu partout en France. Son objectif : encourager et soutenir l’entrepreneuriat à vélo en France et promouvoir son usage comme mode de déplacement professionnel principal.

 

Ce sont souvent des livreurs ou des restaurateurs, parfois des artisans. Le nombre d’entrepreneurs ayant opté pour le vélo augmente régulièrement ces dernières années en France, principalement dans les centres-villes, du fait de la difficulté de s’y déplacer en voiture ou en camionnette. « À Nantes, parmi nos adhérents, nous avons aussi un Dj et un luthier ! », raconte en souriant Romain Allais, chargé de développement régional pour Les Boîtes à Vélo, salarié de l’association via un contrat aidé par l’ADEME et Nantes Métropole.

Le vélo convient à bien des métiers !
Romain Allais, chargé de développement régional pour Les Boîtes à Vélo © PDS

C’est dans sa ville que la première association a été créée, en 2013. Depuis, une dizaine d’antennes a vu le jour en France. Lui-même n’utilise quasiment que ce moyen de déplacement dans le cadre de sa vie professionnelle. « J’ai commencé lorsque j’étais en contrat chez l’un des premiers plombiers à vélo de France, Ze Plombier. Il avait fait le constat que tout était compliqué en utilitaire : se déplacer, se garer…  J’étais alors en reconversion et j’habitais dans le centre-ville de Nantes, et ça m’a beaucoup plu ! Le métier n’est pas du tout le même à vélo ».

 

Une chaîne d’actions mise en place

Au départ, l’association avait pour but de regrouper des travailleurs à vélo afin qu’ils puissent partager leurs problématiques, leurs envies, leurs expériences au quotidien. Et aussi donner un élan à cette façon d’envisager les déplacements professionnels. « Désormais, l’association a deux objectifs : aider au développement de la cyclo-mobilité professionnelle, et répondre aux besoins des adhérents », détaille Romain Allais.

Pour répondre au premier objectif, Les Boîtes à vélo ont mis en place de nombreuses actions. Dans l’événementiel, par exemple, puisque l’association essaie d’être aussi présente que possible dans certaines manifestations. Tout d’abord, pour prouver qu’elle existe et montrer tout ce qu’il est possible de faire à vélo.

Également dans l’aide à la création d’entreprises à vélo, par le biais notamment du programme Ma Cycloentreprise (lire bonus) que l’association a créé en 2019 pour trois ans et qu’elle va relancer bientôt. « Nous allons même au-delà, explique Romain Allais, en travaillant avec les collectivités sur l’urbanisme, les normes favorables à instaurer. Nous allons aussi voir les entreprises pour les aider dans leur transition vers une pratique professionnelle à vélo ».

Le vélo convient à bien des métiers ! 2
Le Top 3 des usagers du vélo: livreurs, restaurateurs et artisans ©DR

 

Créer une culture commune autour du travail à vélo

Le second objectif de l’association Les Boîtes à Vélo est de répondre aux besoins des adhérents. Des adhérents qui peuvent également être des vendeurs, des fabricants ou des réparateurs de vélos. « Nous organisons un afterwork une fois par mois autour d’un apéro. L’aspect convivial est vraiment très important pour nous. L’idée est de discuter, de passer un moment ensemble, de renseigner les personnes intéressées. Des élus viennent désormais régulièrement ! », précise Romain Allais. L’idée est aussi que chacun puisse donner un peu de son temps, en prodiguant des conseils, en faisant de l’accompagnement au changement, ou encore en proposant tout simplement de… tester son vélo !

« La problématique technique est fondamentale dans ces métiers : quel vélo choisir, comment le réparer, quel budget y consacrer, comment l’assurer, etc., raconte Michel Bertrand, créateur des vélos triporteurs Ilicycles, et adhérent de l’association. Les expériences de chacun sont importantes à partager… et permettent de lever des freins ! » Ce que confirment Etienne Dreyer et Nicolas Martin, créateurs d’Etnicycles et adhérents de l’association. « Les ateliers de réflexion sur les vélos-cargos ont une réelle utilité pour les professionnels intéressés. De notre côté, adhérer nous permet d’être identifiés et de donner un coup de main si besoin. »

Le vélo convient à bien des métiers ! 1
Etienne Dreyer et Nicolas Martin, créateurs d’Etnicycles et adhérents de l’association ©PDS

 

Élargir le rayon d’action

Si l’association a pu se structurer rapidement et développer des antennes dans certaines villes, il lui reste pourtant à asseoir géographiquement son champ d’action. « Nous n’avons, par exemple, pas du tout d’associations en Bretagne, signale Romain Allais. Et, bien qu’ayant débuté à Nantes, nous ne sommes pas présents non plus dans deux des cinq départements des Pays de la Loire. » Certaines collectivités, certaines villes ou régions sont encore assez fermées à la discussion avec l’association, voire même impossibles à joindre pour évoquer le sujet de la mobilité professionnelle à vélo. « Pourtant, nous avons signé une convention au niveau national avec la Chambre des Métiers et de l’Artisanat, dont le titre est « avez-vous pensé à faire votre métier à vélo ? ». C’est dans l’air du temps ».

Aujourd’hui, Les Boîtes à vélo comptent 300 adhérents en France, mais en espèrent un millier d’ici à deux ans, car les chiffres montent vite. « Nous espérons aussi à l’avenir réussir à pérenniser notre modèle économique et proposer un catalogue de prestations complet pour aider un maximum de professionnels à se lancer. Nous pensons que tous les métiers peuvent se faire à vélo ». ♦

Le vélo convient à bien des métiers ! 3
Objectif premier de l’association : fédérer des travailleurs à vélo ©DR

 

Bonus
  • Le programme MaCycloentreprise. Créé en partenariat avec l’Adie et le fournisseur d’énergie Eni, il a permis aux entrepreneurs intéressés par le fait d’exercer à vélo de réaliser une expertise concrète de leur projet en trois étapes : grâce à une formation collective, théorique et pratique, un accompagnement technique individuel (ces deux premières étapes étant délivrées par des entrepreneurs membres des Boîtes à Vélo) et enfin, une aide financière (20% du prix d’achat du vélo – sur critères), pilotée par l’Adie et complétée par les subventions vélo territoriales.
  • Quelques chiffres –
  • Un vélo cargo neuf fabriqué en France coûte généralement autour de 6000 euros HT. Les premiers prix neufs sont de l’ordre de 2800 euros (modèles longtail).
  • Le coût est amorti en 5 ans en moyenne, voire moins, en fonction de l’usage et du modèle choisi.
  • La fabrication d’un vélo cargo entraine 75% de pollution de moins que celle d’une voiture (source Les Boîtes à Vélo).

 

L’association organise un congrès tous les deux ans. Le prochain se tiendra fin mai 2024 à Lyon.