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On se mélange ou on se dérange ?

Par Tarik Ghezali, le 29 septembre 2023

Cofondateur de la Fabrique du Nous, fabrique de projets et d'idées pour une société plus fraternelle

Convergence de Jackson Pollock ©DR

On se mélange ou on se dérange ?

La question résonne
Avec la visite d’un Pape hors du commun
Nous invitant à recréer du commun
À Marseille, « ville-message » du brassage

 

Même la Bonne Mère dit-on
A versé une larme d’amour
Francesco nous prévient : nous sommes « au carrefour
Entre culture de l’humanité
Et culture de l’indifférence »

Faire le bon choix !
Celui du (bon) sens
Celui aussi d’une « éducation à la rencontre »
Pour éveiller notre capacité
À « tressaillir » pour l’Autre
Le fragile frère d’île
Ou l’étrange étranger
De notre archipel humain
À chacun ensuite de faire ce qu’il peut

 

En effet la maison du commun brûle
Les “Nous” se multiplient et s’éloignent
Illusion de pouvoir « vivre séparé » sans dommage…
Dommage !

Se mélanger ne veut pas dire
Être les uns sur les autres en permanence
L’entre soi a du bon aussi et du sens
Sécurité, sérénité, confort

Mais sortir de sa zone de confort
Peut rendre plus fort
Et moins con aussi…

Allez, la rencontre peut changer la vie
Un peu, beaucoup, à la folie,
Avec celui ou celle pas pareille,
Elle peut créer des merveilles

Une société où l’on se brasse davantage,
Et où on le fait dans de bonnes conditions
Est moins figée, plus confiante, plus créative
Et révèle davantage le meilleur de chacun.

Alors, on mélange ou on se dérange ?

Pour le moment, on se dérange de plus en plus

Cet été, avec les émeutes urbaines

Ont fleuri des phrases de haine :

« C’est honteux ! Avec tout l’argent qu’on LEUR donne, ils viennent casser NOS magasins ! »
“C’est honteux ! ILS nous détestent, NOUS voient comme des sous-citoyens !”

Partout des biais de confirmation
Nulle part l’envie de commune Nation

En 2015, après les attentats terroristes, on marchait et applaudissait les flics et les CRS
Aujourd’hui on les voue aux gémonies
Pendant le confinement Covid, on célébrait les travailleurs « de première et seconde ligne » dont beaucoup vivent en banlieue
Aujourd’hui on leur dit qu’ils ne sont pas la France

Retrouver le sens de la raison et de la mesure
Seule voie pour bâtir un possible futur

Partout on est sommé de choisir son camp
Comme si on ne pouvait être pro-police ET pro-quartiers
Être fier de la France ET de ses origines extra-françaises
Vouloir développer les banlieues ET les campagnes
Vouloir l’ordre ET le mouvement social

Réduction du monde
Borgne

Alors, on se mélange ou on se dérange ?

Loin du Centre
La centrifugeuse sociale marche à plein régime
Gilets jaunes de la France périphérique
Jeunes des quartiers périphériques
À quand la France péri-féérique ?
Réenchanter un rêve français partagé, utopique ?
Chiche !

 

Sommes-nous vraiment condamnés
À une société d’atomes et de tribus
Où chacun réclame son dû
Et personne ne veut payer pour l’autre
Où chacun veut être entendu
Mais personne n’écoute

Au final, tout le monde a peur de tout le monde…
Alors Roosevelt plus que jamais :
“La seule chose dont nous devons avoir peur est la peur elle-même”.
disait-il en 1933 après l’effondrement de 1929
Toujours d’actualité !

Alors on se mélange ou on se dérange ?

On parle beaucoup de haine
Et si peu d’amour
D’amour d’ici, de soi
De fierté de vivre là
En France
De partager un pays
Et un destin
Commun Français

On ne bâtit pas une Nation
Sur de la peur et de la culpabilité
Sur du ressentiment
Sur des passions tristes

On bâtit une Nation
Sur de la puissance de faire
Et de la joie de vivre
Sur l’addition des talents et des possibles

Au Vélodrome des personnes de partout

De toutes les fois,

pour la première fois

À célébrer, ensemble, la dignité humaine et le « Nous »

Ça fait du bien,

Ça fait du lien

Osons donc une société
qui s’aime et aime,
qui assimile autant qu’elle laisse vivre et mêle
parce qui (s’)aime sait (em)brasser et faire grandir

Alors, on se mélange ou on se dérange ? ♦