Selon le Haut-Conseil pour le climat, le secteur du bâtiment représentait 18% des émissions de gaz à effet de serre français en 2021, derrière les transports, l’agriculture et l’industrie. Les professionnels ont un rôle à jouer afin de limiter son impact. Sur le sujet, comment se positionne Bouygues Construction ? Marcelle a interrogé Thiébault Clément, son directeur R&D.
Des engagements pour réduire les émissions de gaz à effet de serre
« Le groupe s’est en particulier engagé à réduire de 30% les émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030. Notre ambition est de concevoir et de construire des bâtiments à impact neutre. Pour cela, il faut réfléchir aux moyens dont nous disposons pour favoriser une économie plus durable, plus circulaire. Au-delà, la réflexion est plus large, de l’économie de la fonctionnalité à l’usage des constructions. Car les besoins des citoyens évoluent, le télétravail progresse, il convient donc de réfléchir à la ville de demain en prenant en compte le changement climatique.
La question posée est aussi comment nous arrivons à nous adapter face aux épisodes météorologiques extrêmes, les tempêtes, les inondations, les canicules qui s’intensifient… Nous y répondons au travers de nos projets de recherche. »
Des partenaires académiques
« Depuis plusieurs années, la R&D de Bouygues Construction a lancé des projets de recherche (en cours) avec le CIFE (Center for integrated facility engineering), le centre de recherche de l’Université de Stanford aux États-Unis, mais aussi avec l’ESTP Paris, depuis 2021, aux côtés de l’ENSAM, de Schneider Electric, d’Egis, de SNCF Réseaux et du BRGM, le service géologique national. Cette chaire, dédiée aux jumeaux numériques (modèles virtuels d’objets physiques, ndlr), vise à identifier des leviers pour faciliter la conception de bâtiments plus durables et résilients. Nous sommes aussi partenaires de la Cambridge University (Cambridge Service Alliance) pour mener des recherches autour des usages du jumeau numérique. En 2022, nous nous sommes rapprochés d’un des laboratoires de l’ETH Zürich (École polytechnique fédérale de Zurich) en créant un projet commun autour de l’économie circulaire. Ces collaborations permettent d’avoir une approche de recherche élargie, notamment sur les sujets de veille. »
« Créer un lieu d’innovation pour tester les solutions »
Une tranformation nécessaire, collective et durable
« La prise de conscience citoyenne évolue. Je pense qu’on le voit notamment dans les écoles d’ingénieurs ou de commerce, les étudiants interpellent les organisations, de tous les secteurs, et de toutes les tailles, au sujet des actions menées pour faire face aux défis environnementaux, par rapport aux solutions à mettre en place afin de respecter l’accord de Paris. Nous devons nous transformer durablement, et trouver des solutions avec l’ensemble des acteurs. »
©Bouygues Construction
La création de Scale One, un espace collaboratif dédié à l’innovation
« Nous sommes lauréats d’un appel à projets « Grands lieux d’innovation », de France 2030 financé par la BPI. Typiquement, nous allons créer un lieu d’innovation pour tester les solutions au service des chantiers du futur. Cela nous donnera l’opportunité de limiter notre empreinte écologique, notamment. ScaleOne, de son nom, sera un espace collaboratif : le concept innovant, c’est de mettre autour d’une table l’ensemble des métiers, des partenaires, les architectes, les fournisseurs et, encore, les start-up pour que tous les acteurs viennent transformer la filière. C’est un projet que l’on pousse depuis six mois et que l’on souhaite voir se concrétiser, pour l’heure, en Île-de-France d’ici fin 2024.»
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Limiter l’artificialisation des sols…
« Il s’agit d’un enjeu tant stratégique qu’économique, en effet. C’est un sujet qui sera abordé à ScaleOne, notamment. Et la question est la suivante : comment favoriser la réhabilitation des bâtiments afin de laisser le plus de zones non bitumées. Il faut que nous puissions davantage nous reposer sur l’existant, accélérer la rénovation des bâtiments et ensuite créer de nouveaux lieux de vie, et des infrastructures en outre moins énergivores – autre enjeu important du moment. »
« Une filiale baptisée Cynéo, pour encourager le réemploi et développer l’économie circulaire »
… et opter pour des alternatives bas carbone dans les constructions
« Nous développons des bétons alternatifs au béton standard (béton bas carbone) et accélérons l’usage des matériaux biosourcés tels que le bois, la paille ou le chanvre. Nous travaillons également à améliorer la durabilité des ouvrages. Or, cela nécessite de changer nos habitudes, c’est long. »
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46 millions de tonnes de déchets sont produites chaque année par le secteur du bâtiment. 80% de ces déchets pourraient avoir une deuxième vie, mais seulement 1% du total est réemployé actuellement…
« C’est certain, il y a du retard sur ce point, car il est possible d’utiliser beaucoup plus de matériaux recyclés, par exemple de l’acier de réemploi dans les chantiers. Mais ce n’est pas évident, car il y a des verrous normatifs. Il faut pouvoir trouver ce dont nous avons besoin sur un chantier, et ce à proximité – pour éviter les transports inutiles. En revanche, pour y parvenir, il faut anticiper en améliorant le pilotage de la logistique entre les sites.
En septembre dernier, Bouygues Construction, par ailleurs, a lancé Cynéo pour encourager le réemploi et développer l’économie circulaire dans le secteur du BTP. Cette filiale permettra de massifier le réemploi de matériaux en trouvant des débouchés à tout ce qui peut être réutilisé. Et cela aura comme conséquence positive de mieux qualifier nos réels besoins et ainsi de réduire le gaspillage. Le premier centre technique Cynéo, de 2 700 m², sera implanté sur le site des Ardoines à Vitry-sur-Seine. »♦
* Le Groupe Constructa parraine la rubrique « Aménagement » et partage avec vous la lecture de cet article *