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Comment le Cabaret Vert s’est imposé comme le festival green de l’été

Par Virginie Menvielle, le 7 juillet 2023

Entre 2018 et 2022, 416 tonnes de déchets collectés, dont 77% valorisés ©DR

Avec 125 000 participants et des têtes d’affiches venues du monde entier, le Cabaret Vert est l’un des dix plus grands festivals français. Pourtant, depuis sa création en 2005, le festival ardennais affiche la volonté d’être le plus green possible. L’évènement a pris un vrai virage l’an dernier avec la réalisation de son premier bilan carbone. Une première dans une telle manifestation !

 

« Je nai jamais autant vu de gens en gilets jaunes équipés de pinces pour ramasser les déchets quici », confiait Emma, lors de l’édition 2022. Le fondateur du Cabaret Vert, Julien Sauvage, un Ardennais pur et dur, a toujours voulu faire de l’événement un éco festival. Aussi, quand les autres événements musicaux ne sintéressaient absolument pas au développement durable, installaient des toilettes chimiques, distribuaient des chips et du coca, au Cabaret, on fonctionnait déjà différemment. Il a été le premier à proposer des toilettes sèches et à trier lensemble de ses déchets. 

 

Plus de festivaliers et moins de déchets

Au total, entre 2018 et 2022, 416 tonnes de déchets ont été collectés. « Ça fait peur », lâche Jean Perrissin, le monsieur développement durable du festival. Il pondère immédiatement ses chiffres en rappelant que sur ce montant global, 321 tonnes (soit 77%) sont valorisées. Bien plus que ce qui est collecté par les collectivités lors du ramassage des ordures ménagères !  

Il faut dire que Le Cabaret Vert met les moyens sur ce poste. Sur ses 2300 bénévoles, environ 200 gèrent le pôle déchets pendant toute la durée du festival. Car depuis 2017, la gestion du tri des déchets a pris de l’ampleur, notamment avec la création de l’IOP (Indicateur Opérationnel de Propreté).

Jean Perrissin (à droite), le monsieur développement durable fait le tour du site avant reprise du festival.
Jean Perrissin (à droite), le monsieur développement durable fait le tour du site avant reprise du festival. ©Virginie Menvielle

4% de production de déchets en moins

« Depuis, les bénévoles font des relevés pendant le montage, démontage, l’évènement, mais aussi avant et après le festival », explique Jean Perrissin. Ces relevés ont permis de découvrir que le site était beaucoup plus propre pendant l’évènement que le reste de l’année. Avec 125 000 festivaliers présents sur le site de Charleville-Mézières, ça paraît plutôt surprenant mais pas pour le responsable développement durable.

« Pendant le Cabaret, il y a bien plus de poubelles et de personnes qui ramassent les déchets ». Résultat, malgré une hausse de la fréquentation entre 2018 et 2019, le festival a réussi à réduire de 4% sa production de déchets. Sur les 6,5 millions de budget, 17 % sont investis dans le développement durable et les produits locaux.

 

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Avec la nouvelle scène du Green floor, le Cabaret s'installe au plus près de la nature, en venant sur la Meuse. ©E.Jupinet
Avec la nouvelle scène du Green floor, le Cabaret s’installe au plus près de la nature, en venant sur la Meuse. ©E.Jupinet

Passer de 3000 tonnes de CO2 à la neutralité carbone

Si la gestion du tri made in Cabaret mérite d’être soulignée, elle n’est qu’une des facettes de l’engagement du festival en matière d’écologie. Les restaurateurs présents sont soumis à une charte du développement durable en 12 points. Elle concerne la vaisselle utilisée, l’usage de l’eau, le gaspillage, mais aussi les produits proposés. « Ils doivent s’engager sur la provenance des produits, qui ne doit pas dépasser un rayon de 200 km, et au maximum issus de l’agriculture biologique. Nous avons également une personne qui travaille uniquement sur la transition écologique et réalise des contrôles sur les stands », précise le directeur adjoint, Cédric Cheminaud.

Soucieux de maîtriser le plus possible leur impact carbone, les organisateurs souhaitent diminuer la part de produits laitiers sur les stands et 20% des plats proposés sur le festival sont déjà sans viande, bien plus qu’au niveau national. Ailleurs, seuls 2% de plats végétariens sont consommés sur la totalité des repas pris en restauration commerciale.  

Comment le Cabaret Vert a réussi à s’imposer comme le festival green de l’été 1
Le Temps des freaks dédié aux arts de la rue utilise au mieux les espaces naturels. © A. Thome

« Les artistes internationaux qui viennent à la campagne, c’est l’essence du Cabaret Vert »

Enfin lan dernier, le Cabaret a décidé de monter encore dun cran en lançant son bilan carbone. Il s’agit du premier évènement de cette ampleur à tenter cette aventure. Selon les premiers résultats, le festival a produit 3000 tonnes de CO2 en 2022. Dont 66% issus des transports.

Avec des artistes qui viennent de l’autre bout de la planète, ce n’est franchement étonnant. Sauf que pour les organisateurs, ce n’est pas forcément sur ce plan que cela se joue. « Des artistes internationaux qui viennent à la campagne, c’est l’essence même du Cabaret Vert. Je ne vois pas bien comment pourrait réduire cet impact-là », indique Cédric Cheminaud, directeur artistique du festival.

 

 

Moins de voitures et plus de transports en commun

D’autant que si c’est bien en matière de transports que le festival a le plus d’efforts à fournir, ce sont les déplacements des festivaliers qui l’impactent le plus. Rien d’étonnant à cela, selon Cédric Cheminaud. « Nous ne sommes pas un festival parisien. Ici, la majorité du public vient de toute la région, et donc en voiture ». Jean Perrissin affirme que l’équipe souhaite mettre le paquet pour changer cela dès maintenant « Nous allons donc proposer une ligne de bus aller-retour Paris-Charleville, à 50 euros. On travaille aussi avec la SNCF sur d’autres lignes pour desservir les villes des environs ». 

Les organisateurs proposent aussi un parking vélos gardienné. La ville doit également proposer de la location de vélo et des lignes de bus de nuit. Bref, beaucoup d’efforts sont déjà faits, pourtant on est encore loin de la neutralité carbone rêvée. Le festival se trouve à un tournant et doit réussir un tour de force : se développer tout en limitant en maximum son impact sur l’environnement. Pour y arriver, il a besoin des festivaliers, appelés à jouer le jeu. À lâcher la voiture pour utiliser un maximum les transports en commun. Suivront-ils le mouvement ? Réponse mi-août, lors de la 27e édition. ♦

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125 000 festivaliers, le record de fréquentation de 2022, comment faire pour avoir moins de déchets et continue à grandir. ©M.Tchakmakdjan
Bonus

1-Lutte contre le changement climatique
2-Préservation de la biodiversité, des milieux et des ressources
3-Cohésion sociale et solidarité entre les territoires et les générations
4-Épanouissement de tous les êtres humains
5-Dynamique de développement suivant des modes de production et de consommation responsables

Chaque festival s’engage également à évaluer ses actions à l’issue de son édition. Et à améliorer continuellement la mise en œuvre de son programme d’actions.