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« À la paix ! », proposition de théâtre-causerie…

Par la rédaction, le 14 novembre 2023

L’humour et le style irrévérencieux d’Aristophane transposés dans un Marseille contemporain ©Christophe Raynaud de Lage - La Criée

[au fait !] Un titre comme une coïncidence avec l’actualité, comme un cri de ralliement… Qui nous rappelle que la guerre est vieille comme Hérode. Et même plus, car pour Aristophane, poète comique et politique du 5e siècle av. J-C et auteur de « La Paix », c’était déjà un sujet. Adaptée de ce texte, la première création de Robin Renucci pour le théâtre de La Criée à Marseille fait un peu figure d’ovni. Grave, enlevée, actuelle et truculente à la fois. 

 

La Criée parraine la rubrique éducation de Marcelle. Un partenariat autour de cet événement relevait donc de l’évidence ! Prenez vos places pour le dimanche 19 novembre à 16h. La représentation sera suivie d’une rencontre avec Robin Renucci et Anne-Laure Saint-Girons Lesne, directrice générale adjointe des Alchimistes Marseille.
Tarif amis de Marcelle : 19 euros (au lieu de 26). Inscription avec ce lien.

 

« La Paix », version Aristophane, est l’histoire de Trygée, jeune vigneron de l’Attique, qui en a franchement assez de la guerre. Voulant en toucher deux mots aux Dieux, il s’envole à cheval sur un bousier géant (scarabée qui se nourrit d’excréments) vers l’Olympe. Il y trouve un endroit si peu fréquentable qu’il a été déserté par ces mêmes Dieux, ulcérés par les problèmes des hommes et leurs querelles incessantes. Désormais maître des lieux, Polemos (la guerre) s’apprête à broyer la Grèce dans un énorme mortier. Sa prisonnière, Paix, croupit dans une prison, mais avec la complicité d’Hermès, le messager des Dieux, Trygée va s’employer à la délivrer.

Lors de chaque grand conflit mondial, la pièce a été exhumée puis remontée – en 1933 d’abord, par Charles Dullin. Puis Jean Vilar, Antoine Vitez, Marcel Maréchal… et aujourd’hui le tandem Renucci-Valletti.

À la paix !
Une mise en scène dynamique, parfois loufoque et très visuelle ©La Criée

De l’Attique à La Canebière

L’humour et le style irrévérencieux d’Aristophane, le comédien et auteur de théâtre marseillais Serge Valletti y est très sensible. Il est aussi un amoureux inconditionnel de sa ville. D’où cette adaptation (cosignée par Robin Renucci) baptisée « À la paix », qui raconte peu ou prou la même histoire, mais transposée à Marseille et dans ses différents quartiers- La Canebière, Saint-Loup, le Frioul… Plus iconoclaste encore, même les pieds-paquets traversent les dialogues…

Il y a aussi davantage de rôles féminins. Et dans cette version grand public, ce n’est pas sur un bousier, mais sur une machine qui carbure aux excréments que le vigneron Yves Rogne gagne l’éther.

« À la fois comédie et satyre, ce texte qui parle de toutes les guerres nous permet de prendre du recul sur notre monde, analyse Robin Renucci. Et nous rappelle que la paix se nourrit du conflit ».

La mise en scène qu’il a imaginée est dynamique, loufoque et très visuelle. La machinerie (et les techniciens qui y sont affectés) est visible du public, ponctuellement appelé à interagir. Il y a du mouvement, de l’énergie.

 

De la convivance aux lieux d’aisance

« Ce spectacle fédérateur est l’opportunité de réfléchir sur notre monde et sur l’actualité. Sur la convivance, la pièce questionne : un effort commun pour la paix est-il encore possible ? Peut-on encore concrétiser un rêve d’union ? », sonde Robin Renucci.

La dimension écologique est par ailleurs très présente dans cette adaptation. À commencer par cette machine à excréments qui, par le jeu de la métaphore, évoque des peuples « dans la merde », dans tous les sens du terme. La réflexion peut prendre du champ, s’élargir à des problématiques connexes mais majeures – les questions des toilettes accessibles à tous ou du recyclage des excréments, en carburant ici (en engrais ou en compost ailleurs)… ♦