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Le football aussi veut être acteur de la transition écologique

Par Zoé Charef, le 4 décembre 2023

Journaliste

Un groupe de jeunes footballeurs devant leur fresque écologique du football. © Football Écologie France
Imaginée pour rapprocher le football de l’environnement, l’association Football Écologie France œuvre depuis 2019 à accompagner les clubs comme les supporters dans leur transition écologique et solidaire. Coup d’œil sur les actions de l’antenne grenobloise, entre fresque écologique du football, temps d’échange, goûters bio et locaux…
[Dans le cadre de l’éducation aux médias, avec le soutien de la Région Sud, une version radio pour les lycéens]
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« Avec la coupe du monde de football au Qatar et l’intervention de [Kilian] Mbappé et son entraîneur [Christophe] Galtier sur les chars à voile en septembre 2022, l’écologie est entrée dans le milieu du football », estime Yohan Bouchet, responsable des antennes d’Annecy et Grenoble de l’association Football Écologie France. Déjà en 2019 pourtant, un groupe de citoyens passionnés de football et sensibles à l’environnement imaginait une association reliant le football et l’écologie. Avec la conviction que ce sport est un très bon moyen de véhiculer un message et de sensibiliser dans ce milieu. Le groupement s’affaire depuis à accompagner et faire progresser les acteurs du football dans la transition écologique et solidaire.

Un travail de longue haleine

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Atelier de fresque du climat appliquée au football. ©Football Écologie France

Leur vision ? Rendre le ballon rond plus durable. « Le sport est le troisième lieu dédié à l’éducation, après la famille et l’école. Il permet de sensibiliser à tout âge, présente Yohan Bouchet. Nous avons donc mis en place une fresque écologique du football et un passeport de l’éco-supporter, pédagogique et ludique, dédié aux enfants. Avec un suivi par les éducateurs. »

L’association se découpe en deux parties. D’un côté, la sensibilisation à l’environnement à travers des ateliers et événements dans un premier temps. De l‘autre, l’accompagnement des clubs, des districts et des ligues en structurant la gestion de leurs déchets, des énergies, du transport et de l’alimentation. « Un club de Haute-Savoie a par exemple décidé de ne plus utiliser de bouteilles plastiques et s’est fait financer des gourdes par l’un de ses partenaires », éclaircit le responsable.

Et s’il concède qu’au départ les clubs ne voyaient pas le lien entre le football et l’environnement, Yohan Bouchet souligne justement l’importance et l’efficacité de sensibiliser ce public éloigné au développement durable. « Finalement, ça fonctionne très bien ! On a adapté nos outils au foot et on intervient par exemple très souvent dans les stages pendant les vacances. Le dernier point fort en date est notre événement Sport et alimentation durable organisé avec Grenoble Alpes Métropole dans le cadre du mois de la transition alimentaire. »

Alimentation responsable, sport et covoiturage

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Le goûter du 24 novembre avec le club de football de Grenoble. © Football Écologie France

Mario Garcia Ugarte, chargé des projets du mois de la transition alimentaire à Grenoble Alpes Métropole, était présent lors de ce rendez-vous qui conviait de jeunes joueurs grenoblois et leurs familles au Stade des Alpes de Grenoble. Il pointe l’engagement pris par l’association d’enseigner une alimentation plus saine et réfléchie dans le milieu du sport. « La question de l’alimentation est également traitée de façon transversale, explique Yohan Bouchet. On invite par exemple des clubs à planter des arbres fruitiers ou des potagers près des stades pour conscientiser les jeunes et moins jeunes… et pour avoir des fruits locaux pour les goûters ! C’est assez facile à intégrer dans la vie du club. »

Pour renforcer les comportements plus responsables écologiquement, l’association propose, en lien avec la Fédération Française de Football (FFF), de développer la notion d’« éco-supporterisme. » Comme le pratique l’Olympique Lyonnais, l’idée est de renforcer le covoiturage en mettant en place des parkings dédiés dans les stades. Les transports représentent en effet la grande majorité des émissions de carbone des supporters.

« Notre objectif : que le sport s’engage dans la transition écologique »

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Projection-débat autour de l’alimentation et du sport. © Football Écologie France

Pour avoir accès à ces accompagnements, les clubs doivent adhérer à Football Écologie France. En fonction de leur nombre de licenciés, il leur en coûte entre 150 et 300 euros par an. Ils sont un peu plus de 200 adhérents (particuliers et entreprises) et 150 clubs français à s’être engagés dans l’aventure. « Majoritairement des clubs amateurs, qui comptent chacun environ 300 licenciés. Mais aussi des petits clubs. Notre champ d’action est large ! », se réjouit le responsable. Ainsi, des clubs de foot professionnels comme le FC Annecy, le stade brestois et le Grenoble Foot 38 travaillent avec l’association.

Pensés par les membres fondateurs, les bénévoles et aidés par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) afin de disposer d’outils professionnels RSE, les plans d’action de Football Ecologie France sont adaptés en fonction des besoins de chacun. « On est également sollicités par des collectivités pour dupliquer notre modèle dans des clubs de rugby et de handball, glisse Yohan Bouchet. On reste focalisé sur le football, mais on partage volontiers nos solutions avec d’autres associations. Notre objectif est que le sport en général s’engage fortement dans la transition écologique. »

Y croire malgré les freins financiers et les avis préconçus

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Un groupe de jeunes footballeurs plante des arbres fruitiers aux abords du stade. Plus tard, les fruits seront dégustés lors des goûters ! © Football Écologie France

Forte de trente antennes françaises et d’un Football Écologie Suisse, récemment créé, l’équipe travaille aujourd’hui sur une « vraie stratégie de développement économique par antenne, présente le responsable. Avec un budget en local et, on l’espère, un responsable salarié par antenne en 2024. » Jusqu’à présent, l’association est financée par des subventions publiques de la part de l’ADEME, de collectivités et d’entreprises privées. De quoi créer les outils et imaginer les événements. Avec le nombre grandissant d’adhérents et de clubs, un équilibre se dessine pour Football Écologie France.

Mais si de grandes avancées sont à souligner, le principal frein reste l’éloignement des questions environnementales de certains clubs. Selon Yohan Bouchet, c’est lié au milieu conservateur qu’est le football. Il note toutefois que les sponsors et les mécènes sont de plus en plus sensibles à ces questions et financent plus facilement les actions de l’association. Football Écologie France a encore de belles passes en perspective ! ♦

Bonus
  • Le football aussi veut être acteur de la transition écologique 6Le label Fair Play For Planet. Ancien rugbyman international, Julien Pierre a fondé Fair Play For planet qui permet aux entités sportives d’améliorer leur modèle de développement économique « en prenant soin de l’environnement et des personnes », peut-on lire sur le site internet dédié. Ce label éco-responsable a été développé en coopération avec l’ADEME et est destiné aux clubs, sites et évènements sportifs. Des actions concrètes et vertueuses pour la planète pour tous les sports !