Déjà vingt mois écoulés depuis le sommet mondial de la biodiversité de Marseille et l’urgence soulevée par le GIEC*. Les annonces gouvernementales en France, comme dans les 24 pays du pourtour méditerranéen, se font toujours attendre. Mais des expérimentations concrètes font toutefois émerger des solutions, notamment pour décarboner la plaisance.
La plupart des plaisanciers n’ont pas conscience de la pollution générée par leur bateau. Paul Paret est ainsi tombé des nues quand les ingénieurs d’AtmoSud – l’association en charge de la qualité de l’air à Marseille et dans la région – ont transmis les analyses d’impact de son pointu en bois construit dans les années 60. « Je pollue autant que cinq voitures. On a l’impression d’être écolo sur nos barques en bois, mais en fait nos moteurs diesel qui sont anciens rejettent des saletés dans l’air et dans l’eau. À ce niveau-là, je n’en reviens pas ! »
Alexandre Michel-Flandin a lui aussi accepté la série de tests pour sa vedette de 9 mètres dotée de deux moteurs diesel. Il se montre encore plus abasourdi : « On fumait quand même pas mal, donc on se doutait qu’on polluait. Mais pas l’équivalent de 37 voitures diesel. C’est totalement fou ! »
Ça l’est d’autant plus que les bateaux testés sont amarrés sur le Vieux-Port de Marseille et donc au cœur de sa Zone à Faible Emission (ZFE). Un périmètre où la circulation des véhicules à moteur est soumise à des contraintes de normes environnementales strictes, via les vignettes Crit’Air. Avec à la clé des amendes allant de 68 à 135 euros. Difficile d’exclure de cette règlementation destinée à faire baisser la pollution de l’air les 3200 bateaux de plaisance stationnés sur le Vieux-Port.
Prise de conscience
« On va tester des peintures sous-marines d’un nouveau type. On accueille également des bateaux qui sont passés au tout électrique ou qui vont essayer l’hybridation. Simplement, on espère que tous les efforts que nous déployons vont servir à quelque chose. Que les autorités maritimes, le gouvernement français, mais aussi ceux des autres pays du pourtour, vont embrayer ».
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La bonne nouvelle : il y a des solutions !
Un point essentiel rassure les plaisanciers. À la différence de l’automobile en termes d’émission de CO2, il est plus écoresponsable de reconditionner la flotte existante que de la renouveler. D’autant que l’enjeu environnemental se situe dans les ports et la bande côtière, là où se régénèrent la faune et la flore marines en Méditerranée. Il faut donc trouver des moyens de naviguer à l’énergie propre sur des distances relativement courtes.
Fanny Havas, sa capitaine, est enthousiaste : « On propose des expériences touristiques en mer, mais tournées vers l’écologie. Il n’y a plus de pollution sonore. Quand on arrive dans une calanque, on ne dérange plus la faune. Et de fait, on découvre un monde différent ! » Autre solution développée par les ingénieurs : l’hybridation. L’idée est de coupler un moteur électrique à un moteur traditionnel. Jean-Pascal Plumier, le fondateur d’OZO, société à l’origine spécialisée dans les vélos et batteries électriques, s’attaque désormais au nouveau marché que représente la plaisance. « On a mis au point des kits à moins de 2000 euros. Ils sont largement suffisants pour naviguer dans les zones sensibles ».
Les biocarburants comme alternative
Recenser, accompagner, coconstruire
En 2021, lors du sommet mondial de la biodiversité le Président de la République annonçait Odysséo. Le temps du constat et du concept s’achève. Marseille s’apprête à accueillir le siège de cette fondation appelée à piloter les initiatives françaises pour sauver la Méditerranée. ♦