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Peinture photoluminescente : un marquage routier qui tient la route ?

Par Paola Da Silva, le 29 août 2023

Journaliste

Cette peinture photoluminescente pourrait améliorer la visibilité du marquage routier au sol la nuit et donc augmenter la sécurité des automobilistes.© Paul Pascal / Département de Loire-Atlantique

En Loire-Atlantique, à 60 kilomètres au nord de Nantes, est testée depuis mai dernier une nouvelle sorte de marquage routier. La peinture photoluminescente qui a été apposée dans un virage d’une route de campagne capte la lumière du jour et la libère la nuit, rendant la route plus visible aux automobilistes. L’expérimentation, d’une durée de trois ans, a pour but de déterminer l’impact de cette innovation sur l’accidentalité et la biodiversité.

 

C’est une portion de route de campagne, nichée entre deux communes du nord-est de la Loire-Atlantique, Châteaubriant et Soudan. À cet endroit, une route en deux sens donc, avec un virage, et la proximité d’un cours d’eau, la Chère. Depuis peu, c’est là qu’on trouve une expérimentation menée par le conseil départemental de Loire-Atlantique.  « En mai dernier, nous avons apposé une peinture photoluminescente sur la RD 771, sur deux linéaires. Un de 240 mètres dans le virage et un autour de la Chère sur 50 mètres », entame Fabrice Slamani, chef du service entretien et sécurité routière à la direction des déplacements du département de Loire-Atlantique. « C’est le Cerema (1), avec qui nous travaillons souvent et avec qui nous avons une convention, qui nous l’a proposé. D’habitude, cette peinture est plutôt utilisée sur des pistes cyclables. Ce projet sur une route départementale est l’un des premiers en France. »

 

Améliorer la visibilité pour augmenter la sécurité


Le marquage routier consiste en une peinture photoluminescente (Luminokrom©, de l’entreprise Olikrom) qui capte la lumière du soleil le jour et la libère la nuit. Elle doit permettre d’améliorer la visibilité du marquage routier au sol la nuit et donc d’augmenter la sécurité des automobilistes. « Nous constations en effet des sorties de route dans ce virage. Nous allons suivre l’évolution du marquage routier pendant trois ans avec plusieurs objectifs. Vérifier si c’est efficace et si la peinture tient dans le temps. Analyser si le marquage est bien compris et accepté par les usagers. Et, bien sûr, savoir si on a fait baisser l’accidentalité. » Le niveau de glissance, très important pour les motards, a été vérifié lors de la pose. Il sera également régulièrement contrôlé.

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Quel impact sur la faune et la flore ?

Cette expérimentation est également l’occasion pour le Département d’évaluer son impact sur la flore et la faune (mammifères, batraciens…) présente autour de l’ouvrage de franchissement de la rivière de la Chère. « Nous sommes en partenariat avec le Groupe mammalogique breton sur ce projet, détaille Fabrice Slamani. Ils ont réalisé un diagnostic de la biodiversité existante. Nous allons de notre côté étudier les comportements de la faune confrontée à ce nouveau dispositif lumineux, car nous ne savons pas quel pourrait être son impact. »

 

 

Un coût 25 fois plus important

Actuellement, la peinture photoluminescente coûte 25 fois plus cher que celle traditionnellement employée pour les marquages routiers. Un prix qui pourrait baisser si l’évaluation s’avérait positive au bout de trois ans, car le produit pourrait être normé par un organisme d’état comme le Cerema. « La peinture contient des billes de verres à l’intérieur qui permettent de réfléchir la lumière. Son prix vient de là, et du fait qu’elle n’est pas produite à grande échelle. L’entreprise a donc intérêt à réussir entrer dans la norme pour être plus massivement employée et faire baisser son prix. Mais les évaluations sont très strictes et très cadrées ».

 

Un niveau de sécurité supplémentaire ?

Fabrice Slamani estime que ce nouveau procédé pourrait être l’une des solutions possibles à l’amélioration de la sécurité routière. « Il n’y aurait pas eu d’autre aménagement à cet endroit-là en dehors de la peinture. On n’aurait rien pu faire de plus, on peut donc espérer que cette peinture apporte un niveau de sécurité supplémentaire et qu’elle rende l’usager plus vigilant. On ne sait pas encore si elle peut remplacer des lampadaires, ce sera probablement du cas par cas ».

Une enquête auprès des usagers a été lancée dans les communes et entreprises locales, dont les premiers retours ne sont pas encore connus. « Nous allons les examiner et en tenir compte car les critiques peuvent être constructives. Nous avons des comités de sécurité routière qui peuvent mettre en place des actions correctives rapides. Et si ça ne fonctionne pas, tant pis ! On pourra se féliciter d’avoir essayé. Bien sûr, si la luminescence a beaucoup diminué au bout de trois mois, on aura déjà une idée. Mais on se laisse trois ans pour évaluer complètement ce procédé ». ♦

 

  • Le Cerema est un établissement public sous la tutelle du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Il accompagne l’État et les collectivités territoriales pour l’élaboration, le déploiement et l’évaluation de politiques publiques d’aménagement et de transport.