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Piscines particulières pour former les futurs surveillants de baignade

Par Maëva Danton, le 3 juin 2021

Journaliste

[bref] Dans les quartiers prioritaires de Marseille, on estime que trois jeunes sur quatre ne savent pas bien nager. En face, les piscines et les plages peinent à trouver la main-d’œuvre adéquate. C’est pour connecter ces deux mondes que vient d’être lancée l’opération « 1 piscine 1 job ». Le principe : inviter des particuliers à ouvrir leur piscine à des jeunes pour qu’ils puissent passer le diplôme de surveillant de baignade. Ou tout simplement apprendre à nager.

Construire des solutions sur mesure pour une meilleure insertion des jeunes dans les quartiers. C’est la mission d’Impact Jeune, un programme de la Fondation des Apprentis d’Auteuil destiné aux 13-30 ans. Il repose sur six précieux « boosters » (sorte de coachs) répartis entre Arles, Marseille et Tarascon. Et sur une large toile d’acteurs issus tant du monde de l’action sociale que de l’entrepreneuriat.
« Dans chaque territoire, on rencontre un maximum de jeunes. On identifie les besoins. Et à partir de là, on co-construit des projets » décrit Thaïs Lunel, booster dans le quartier de la Rose (Marseille 13e).

C’est en écoutant les besoins des jeunes marseillais qu’apparaît un paradoxe. « Dans les quartiers prioritaires, trois jeunes sur quatre ne savent pas nager. Quand on vit au bord de l’eau, c’est une humiliation ». Et alors que le besoin d’emploi (étudiant ou pérenne) est fort, cette incapacité à nager ferme les portes de tout un pan d’activités que sont les métiers de la mer. Qui de leur côté, peinent parfois à recruter.

 

 

Accéder à des formations, gagner confiance en soi

C’est pour reconnecter ces deux mondes que vient d’être lancée l’opération « 1 piscine 1 job ». L’idée : proposer aux particuliers d’ouvrir l’accès à leur piscine à des jeunes souhaitant passer le diplôme de surveillant de baignade. Un moyen de combler le manque de piscines publiques.
« Nous travaillons avec un professeur de natation qui propose 10 sessions d’entraînement en deux semaines ».

Pour l’heure, cinq jeunes du Centre social et culturel La Garde (13eme arrondissemen) sont concernés. Au terme de leurs deux semaines de formation, ils pourront passer le diplôme de surveillant de baignade puis, si tout va bien, le brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique qui offre des perspectives professionnelles plus stables. La formation est entièrement prise en charge, soit par la Mission locale, soit par Impact Jeunes.

Et au-delà de ce public, « 1 piscine 1 job » intègre des jeunes qui veulent simplement apprendre à nager. « On leur propose des cours de natation afin qu’ils gagnent confiance en eux ».

À ce jour, trois particuliers ont ouvert leurs portes. Impact Jeunes aimerait en trouver davantage. Pour pérenniser le dispositif. Et pour créer du lien entre les jeunes et ceux qui les accueillent. Parce que le réseau est un moteur d’insertion. Mais aussi parce que « c’est un moyen de montrer à plus de monde le potentiel de ces jeunes. Et de casser les préjugés ». ♦