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Rue d’Aubagne : la maquette des possibles entre au musée

Par Olivier Martocq, le 5 novembre 2021

Journaliste

Le quartier de Noailles réhabilité à la façon des étudiants de l'école d'architecture de Marseille @Laurent Grolée

[bref] Le 5 novembre 2018, l’effondrement de deux immeubles rue d’Aubagne à Marseille faisait huit morts. Un traumatisme pour la cité phocéenne qui découvrait qu’une partie de son habitat était insalubre. À l’époque, des étudiants de l’École d’architecture de la ville avaient produit un mémoire commun adossé à une maquette sur une réhabilitation souhaitable du quartier.

À l’occasion de ce 3e anniversaire se repose la question du devenir de Noailles. Un territoire populaire et très central, en bordure de Canebière et à deux pas du Vieux-Port. Aucune décision n’a encore été prise à ce jour.

 

Une plaie toujours à vif

Une cérémonie du souvenir a eu lieu devant le trou béant laissé par les immeubles effondrés. Une stèle portant les noms des huit victimes a été inaugurée. Installée sur la place qui se trouve à une dizaine de mètres en contrebas, rebaptisée officiellement place du 5 novembre. Voilà pour la commémoration.

Rue d’Aubagne : la maquette des possibles entre au Musée 1
Une plaque commémorative portant les noms des huit victimes a été inaugurée @DR

Au-delà, les associations présentes ont rappelé aux élus présents, Maire en tête, que l’habitat indigne reste l’une des plaies vives de Marseille. Depuis le drame, 1500 immeubles ont été déclarés dangereux. Parmi eux 800 ont été frappés par des arrêtés de péril et évacués. 600 sont toujours interdits d’accès. Quelque 40 000 personnes auront été déplacées, dont 140 familles toujours logées dans des hôtels.

 

Une maquette en carton et bois retrouvée dans un débarras

Benoît Payan, venu incognito, connaît bien les méandres de ce dossier. La compétence logement ne relève pourtant pas de ses attributions de maire, mais de la Métropole et du Département. Il a, comme tous les participants, pu admirer cette maquette du quartier réalisée à la suite du drame par les étudiants de l’École nationale supérieure d’architecture de Marseille*. Une maquette en carton et bois retrouvée dans un débarras par deux jeunes membres de l’association Noailles debout !, qui l’ont restaurée.

« C’est chez nous. C’est notre vie. Ce que ces jeunes archi ont imaginé est beau. C’est pour qu’on n’oublie pas cette démarche et cette possibilité qu’on a passé des heures et des jours à la retaper. Parce que c’est notre avenir, plaident Ichem et Toufik. Parce que si on fait moins bien, il faudra se rappeler de ce qui avait été proposé. On est inquiet, car rien ne se passe depuis 3 ans, même si tout le monde ici parle de promoteurs pour installer des gens plus riches… »

Avis aux politiques et aux décideurs, la maquette restaurée va gagner le musée d’Histoire de Marseille. Il y aura donc une trace d’une réhabilitation souhaitable pour ce quartier meurtri ! ♦

 

*Sous la houlette de leur professeur, Matthieu Poitevin, auteur du petit manifeste Noailles Sensible.