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Entreprises et associations de Grenoble alliées pour les plus vulnérables

Par Zoé Charef, le 9 janvier 2024

Journaliste

Soirée de lancement du collectif Sésame, le 12 juin 2023 à Grenoble. ©Sésame

Rapprocher les différents acteurs économiques grenoblois pour aider les populations vulnérables : voilà pourquoi le Collectif Sésame a vu le jour en juin dernier. Et dans la pratique ? Les entreprises et leurs salariés apportent une aide financière et du temps en soutien aux associations travaillant sur le logement, la santé, l’alimentation ou encore la protection de l’enfant.


« On avait des ordinateurs portables qu’on n’utilisait plus, mais on ne savait pas à qui les donner, raconte Cyril Menon, directeur de l’entreprise Soitec et vice-président du collectif Sésame. Finalement, ils sont allés à Emmaüs Connect qui a les capacités de les remettre au goût du jour et sait comment les redistribuer ensuite. Même quand on veut être solidaire, ce n’est pas simple, soupire-t-il. Sésame aide à fédérer ces élans de solidarité ! »

Une idée de longue date

Collectif Sésame : quand entreprises et associations s'allient pour les plus vulnérables
Camille Galliard-Minier présente son projet lors de la soirée de lancement du collectif Sésame, le 12 juin 2023 à Grenoble. ©Sésame

« Je crois beaucoup au caractère vertueux de l’entraide entre les entreprises et les associations. Être plus efficace pour les populations vulnérables », présente Camille Galliard-Minier. Ancienne députée de la première circonscription de l’Isère jusqu’à septembre dernier, elle aspirait à autre chose, à « vraiment trouver des solutions concrètes à des situations précises. » L’avocate de formation avait fait le constat que ces deux types d’organisations étaient bien ancrées dans le territoire grenoblois, mais « sans canal de liaison. Il y avait un déficit d’efficacité, non par manque de volonté, plutôt par manque d’outils et de moyens de communication. »

Elle s’inspire de l’existant : L’Entreprise des Possibles à Lyon, Le Cœur des Entreprises à Toulouse et Entreprendre pour toi à Marseille pour créer le fonds de dotation Sésame. Avec la volonté d’épauler les associations grenobloises. C’est ainsi que le 12 juin dernier se tient la soirée de lancement du collectif : 28 entreprises fondatrices et un cercle de mécènes officiellement liés pour soutenir et accompagner « des projets de solidarité portés par des assos, en y impliquant activement les salariés qui le souhaitent. »

Rapprocher secteur économique et système associatif

Les neuf mois précédant le lancement, Camille Galliard-Minier utilise son important réseau pour rencontrer entreprises et associations. Pour parler de son projet. « Je voulais savoir si ça tiendrait la route et s’ils étaient intéressés. Grenoble est un acteur d’innovation dans un secteur économique engagé, avec un système associatif solide. Il fallait les deux pour que mon projet fonctionne », développe-t-elle. Avec le soutien d’une vingtaine d’associations diverses et le renfort d’organismes institutionnels comme le Medef, la CCI ou encore la Fédération du Bâtiment et des Travaux Publics de l’Isère, le collectif pouvait commencer son travail.

Les différents partis fondateurs s’engagent sur un montant annuel. Il est fonction de la taille de la société, versé au fonds de dotation pendant trois ans. Avec la trentaine de membres déjà investis, Camille est plutôt optimiste. « On va maintenant entrer dans une phase plus classique d’appels à projets. Pour que les associations candidatent. » C’est ensuite le comité de la fondation qui choisit comment répartir l’argent entre les différentes initiatives.

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Présidents d’associations et d’entreprises se lient pour venir en aide aux plus vulnérables. ©Sésame

Agir au quotidien

De grosses boîtes comme Schneider et Hewlett Packard, fortement implantées à Grenoble, et des PME de l’industrie, la presse et la santé agissent désormais auprès d’associations du territoire. « Peu importent la taille et l’activité. On agit à tous les niveaux sur l’aide aux personnes précaires. Alimentation, logement, santé… mais aussi violences conjugales, protection de l’enfance et handicaps, analyse la fondatrice. Le point central est la solidarité. » Solident – que nous avions déjà présentée – se verra donc financer du matériel dentaire neuf et Point d’eau une aide pour maintenir ses cours de couture et balades en montagne.

Pour Vincent Tempelaere, président d’Eveon (spécialiste de la conception et la fabrication de dispositifs de préparation de médicaments), la mise en place de Sésame est importante : « C’est concret et pragmatique. On rapproche deux mondes et on permet aux salariés de s’engager. On a ainsi participé à une collecte de la Banque alimentaire et on accueille des stagiaires de milieux défavorisés dans l’établissement. » Il souligne son envie de s’impliquer en tant que chef d’entreprise, ayant « une vraie responsabilité sociale », mais regrette manquer de temps. Avec Sésame, il est comblé.

« On espère que ça permettra à d’autres financeurs de s’intéresser à ces sujets »

Côté associatif, le collectif a, là aussi, été bien reçu : « On souhaite mobiliser toutes les parties prenantes du territoire pour améliorer les problématiques de logement, appuie Arthur Lhuissier, directeur général d’Un toit pour tous. La démarche de Camille nous allait donc parfaitement. Et quand elle nous a proposé de déposer notre dossier, on a dégainé ! » Grâce à l’aide des entreprises, l’association a pu boucler le plan de financement destiné à l’achat et la rénovation d’un bâtiment pour des logements « très sociaux » dans des quartiers attractifs. Leur objectif est de créer de la cohésion et de la mixité sociale. « On espère que ça permettra à d’autres financeurs de s’intéresser à ces sujets et de nous aider dans nos collectes de mobiliers », reprend le directeur général. 

Parmi les projets entamés dès le lancement du fonds de dotation, la réédition d’un jeu de société « sur les émotions en direction des jeunes » créé et animé par le Comité dauphinois d’action socio-éducative. Ou encore le lancement d’une disposition innovante de lutte contre le déterminisme social, portée par le Groupement des possibles en lien avec la Ville de Grenoble. ♦