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Une centaine d’anciens détenus accompagnés par Wake up Café

Par Benjamine Lobier Milliat, le 10 juillet 2023

Journaliste stagiaire

[au fait !] L’association nationale Wake up Café oriente des anciens détenus vers une réinsertion durable et sans récidive. L’antenne marseillaise en a déjà accueilli une centaine depuis son ouverture, en janvier 2022.

 

Lorsque nous avions rencontrés WKF (Wake up Café), quelques semaines après son implantation à Marseille, une petite dizaine d’anciens détenus étaient accompagnés. Aujourd’hui, plus d’une centaine de wakeurs (= anciens détenus suivis par WKF) sont passés par ce café marseillais. Et de beaux partenariats ont vu le jour. La start up-à impact Phenix lui livre par exemple deux fois par semaine des produits invendus confiés par des magasins et enseignes du quartier, comme Franprix ou Getir, pour éviter le gaspillage alimentaire. Une aide précieuse pour Wake up Café puisque le déjeuner pris ensemble sur le site est un temps fort de laccompagnement vers une réinsertion durable. Les wakeurs dans la précarité peuvent également consommer ces produits à l’extérieur.

 

Nuit du bien commun

WKF Marseille a pu récolter 32 000 euros lors de la nuit du bien commun qui s’est déroulée en juin à Marseille. « C’est la première année où nous y sommes conviés, nous en sommes fiers », explique Emmanuel Roy, le responsable de l’antenne marseillaise. Ce montant permettra à l’association de proposer un parcours spécifique d’accompagnement des jeunes Marseillais, pour lesquels le taux de récidive est plus élevé.

« Cette soirée nous a encouragé à poursuivre nos actions et nous a donné de la visibilité. Nous avons été sollicités pour établir de nouveaux partenariats et accueillir de nouveaux bénévoles », confie Emmanuel Roy enthousiaste.

 

 

Pour le moment, WKF Marseille accompagne simultanément 70 « wakeurs » @WKF
Pour le moment, WKF Marseille accompagne simultanément 70 « wakeurs » @WKF
Projets pour la suite

Si la mission principale de l’association est de réinsérer durablement les anciens détenus, « une autre est aussi de faire changer le monde de l’entreprise sur eux et inversement », confie Emmanuel Roy. Le responsable de WKF Marseille souhaiterait, dans ce but, mettre en place un Wake up Croissants. Wakeurs, bénévoles et chefs d’entreprises se retrouveraient autour d’un petit-déjeuner pour « sensibiliser et impliquer davantage d’entreprises à [leurs] côtés ». ♦

 

  • L’association recherche encore des partenaires pour trouver des solutions logement et mobilité. Emmanuel Roy aurait également besoin de davantage de bénévoles pour appuyer la vie quotidienne du site et animer différents ateliers. Pour les contacter : marseille@wakeupcafe.org ou 06 76 85 16 77.

 

Bonus – Témoignages

  • Malika* 

« Je m’appelle Malika, j’étais en semi-liberté, j’ai commencé à venir à Wake up Café, petit à petit, j’ai trouvé un boulot, un logement et j’ai fait beaucoup de démarches.

Je l’ai découvert en parloir à Roanne et je les ai contactés dès que j’ai été en semi-liberté. 

À WKF, les rendez-vous avec Floriane, ma chargée emploi et avec Julie, ma chargée insertion m’ont beaucoup aidée. J’ai beaucoup aimé les ateliers artistiques comme la peinture, mais aussi le sport, la boxe et la sortie culturelle au Musée d’histoire naturelle. 

Très bonne ambiance, même si maintenant je n’ai plus d’obligation de suivi, je viens parce que j’aime bien. J’ai trouvé un travail à un poste de cuisine polyvalente, je fais de la pâtisserie, de la cuisine, la vaisselle. C’est le projet que je voulais faire depuis le début. Je ne connaissais personne à Marseille, c’est Wake up qui m’a aidée. 

J’étais là tous les jours, franchement merci à vous, c’est une belle équipe. Pour les autres wakeurs, participez, soyez à l’heure et voilà !

Vraiment si vous n’étiez pas là, je ne sais pas où je serais aujourd’hui. Je n’ai personne ici à Marseille, ou même en France mais vous avez toujours été là pour moi. Je me rends compte que vous êtes comme ma propre famille. »

*Tous les prénoms ont été changés par souci d’anonymat

 

  • Jordan

Q : Comment a commencé l’aventure WKF ?

« Je suis sorti de prison, j’en ai entendu parler par des jeunes et ma CPIP. Après mon entretien, j’ai commencé à faire mes démarches, dès le premier jour mon CV puis j’ai commencé par postuler avec vous. Je voulais sortir de ma situation, aider ma mère et avancer surtout. 

Q : Pour le travail, comment ça s’est passé ?

J’ai fait mon premier entretien où j’ai raconté mes expériences professionnelles. J’ai un peu galéré, mais faut être patient dans la vie, ça paye. Il faut avoir plusieurs entretiens parce qu’on sait jamais. J’ai beaucoup bougé : j’ai passé un entretien chez Domino, une boîte d’intérim, après j’ai postulé sur des chantiers, sur des ateliers de réparation. J’avais eu une réponse positive pour livreur vélo mais pas avant un mois.

Et après, j’ai été recruté comme salarié d’une ressourcerie sportive et je suis très content. 

Q : Qu’est-ce qui t’a plu à WKF ?

À WKF, j’ai beaucoup aimé les groupes de parole, les ateliers théâtre. Faire une pièce de théâtre au Wake up Planète m’a beaucoup apporté. J’ai pu apprendre à mieux m’exprimer auprès des patrons. Au début j’étais assez fermé mais maintenant, j’ai moins de doutes, j’arrive mieux à foncer. 

On mange tous ensemble, on rigole aussi. On fait même des sorties culturelles, le Musée d’histoire naturelle, le Musée de la moto. Je viendrai avec plaisir aux évènements du soir. 

Mes prochains objectifs, c’est de continuer mon travail et même de passer mon CACES (Certificat d’aptitude à la conduite en sécurité- NDLR) pour devenir conducteur d’engin. Et trouver un appartement bien sûr. »

  • Ryad

« J’ai 29 ans et je sors de 21 mois de prison. C’est ma CPIP qui m’a dirigé vers Wake up Café. Au début, je ne me voyais pas rester, j’étais vraiment dans une bulle. Et me voilà encore là trois mois plus tard, grâce à Wake up Café que je remercie énormément. Les intervenants m’ont aidé à avancer malgré les difficultés de la réinsertion que j’ai pu avoir. Cela m’a permis de réfléchir autrement, de ne pas penser qu’en négatif et de rester positif.

Wake up Café c’est une grande famille avec un grand cœur, il faut juste être là tous les jours pour comprendre que c’est magique. On est entouré de personnes qui veulent notre propre bien. C’est la première fois qu’en sortant de prison je ne suis pas livré à moi-même et ça me rassure énormément. Je souhaite faire une formation dans la mécanique bateaux car c’est le métier de mes rêves. J’ai fait deux ans de CAP que je n’ai pas eu par manque de sérieux et parce que je n’avais pas la même maturité qu’aujourd’hui. »

 

Wake up Café, pour mieux réinsérer les détenus dans la société