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Associés temporaires recherchent jobs pérennes

Par Agathe Perrier, le 29 septembre 2021

Journaliste

Mohamed et Aude, deux des 70 participants à l'entreprise éphémère de Marseille © Agathe Perrier

Le concept des Entreprises Éphémères a posé ses valises à Marseille. Le principe : réunir 50 à 80 demandeurs d’emploi au sein d’une start-up temporaire. Dispatchés dans cinq services, ils ont tous pour mission de trouver des jobs, pour eux-mêmes ou pour leurs collègues. Au terme du programme, un participant sur trois a généralement un emploi.

 

Work Up Massilia a ouvert ses portes le 20 septembre dernier dans le quartier d’Arenc (2e arrondissement). Il est d’ores et déjà prévu que cette start-up cesse son activité le 29 octobre prochain. Car il s’agit d’une entreprise éphémère, un concept itinérant (voir bonus) qui place le collectif au centre de la recherche d’emploi. Ses 70 « associés » sont en effet tous à la recherche d’un job. Leur but est donc de travailler de concert pour que chacun, au terme des six semaines, ait trouvé un poste. Cela permet ainsi de rompre l’isolement et d’éviter la perte de motivation liée à la période de recherche d’emploi. En parallèle, ils sont accompagnés par des coachs spécialisés pour monter en compétences et savoir-être.

 

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Les associés de Work’up Massilia, la première entreprise éphémère marseillaise © DR
Un emploi et/ou des compétences à la clé

Les 70 participants sont dispatchés dans cinq services : ressources humaines, communication, web, relation client et call center. « Dans ces trois derniers, les associés vont à la rencontre des entreprises du territoire pour dénicher des offres d’emploi qui ne sont pas encore sur le marché ouvert. 70% des offres se trouvent en fait sur le marché fermé, ce sont celles-ci qu’ils visent », explique Sonia Johnson, l’une des coachs de l’aventure marseillaise. Au service RH, les associés organisent la vie au sein de l’entreprise, gèrent les plannings et la partie administrative. Quand, du côté de la com’, leur rôle est de faire connaître la start-up à la presse et au grand public.

C’est justement au pôle communication que Mohamed et Aude ont été affectés. Lui est soudeur, elle décoratrice d’intérieur. À quoi bon apprendre à promouvoir une entreprise pour exercer de tels métiers ? La réponse se trouve bien dans cette question. Grâce à cette mission, les deux associés sauront aussi mieux se vendre, se valoriser. « S’exercer à parler est un plus qu’il ne faut pas négliger », considère le grand gaillard aux mains habiles.

 

 

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Photo d’illustration © Pixabay
Développer l’esprit de groupe

Les demandeurs d’emploi n’ont pas été répartis dans les services au hasard. Ce sont eux qui ont listé leurs préférences en fonction des missions. Ils y ont ensuite été affectés au bout de quatre jours. « Les premiers jours ont été consacrés à des formations – une sur des techniques commerciales et une autre pour évaluer leurs compétences digitales. Ils ont aussi appris à se connaître », ajoute la coach. Et la douce Aude d’appuyer : « C’est indispensable. Puisqu’on va servir tout le monde, il faut savoir ce que chacun recherche comme poste. Si une entreprise en propose un qui correspond, on les met en relation ».

L’intégration se fait en douceur pour favoriser la cohésion. Le premier jour, des groupes réduits ont ainsi été formés. Au cours d’un « qui qu’a fait quoi », ils ont découvert leurs parcours et envies respectifs. Puis les petites unités n’en ont formé plus qu’une. « Le fait que l’on soit progressivement réunis permet de se sentir à l’aise malgré le nombre », apprécient Aude et Mohamed. Ils saluent au passage le travail des coachs pour créer une « bonne ambiance ». De bonnes bases pour la suite.

 

 

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Photo d’illustration © Pixabay
Un tiers des effectifs partis avant la fin

Sonia Johnson aime qualifier les Entreprises Éphémères de « Koh Lanta de l’emploi », en référence au jeu télévisé. Une aventure d’environ 40 jours, où les participants doivent s’entraider. Dans un cas pour survivre, dans l’autre pour trouver un job. À la différence qu’il n’y a ni épreuve, ni élimination. Si les associés partent au fur et à mesure, c’est synonyme d’un emploi en poche. Chaque départ donne d’ailleurs lieu à un petit rituel maison. « Lorsqu’un poste a été décroché, une cloche sonne. Tout le monde arrête alors son activité, se regroupe et l’associé explique son futur job », détaille la coach. Une manière de partager le fruit d’un travail commun. Et de motiver les restants.

Puisque Work Up Massilia est la 17e entreprise éphémère, le concept dispose d’un certain recul. Et les chiffres sont plutôt bons : à la fin des six semaines, 30% à 40% des participants sont en emploi durable (CDD de six mois et plus ou CDI). À six mois, ils sont entre 57% et 75%. Au total, plus de 700 demandeurs d’emploi ont intégré le programme, dont 40% avec un niveau bac et infrabac (bonus). Difficile néanmoins de dresser un portrait type. « Chacun a un parcours, des compétences et des diplômes différents. Il n’y a aucun prérequis, si ce n’est être inscrit à Pôle Emploi », précise Sonia Johnson.

L’équipe souhaite multiplier le nombre d’entreprises éphémères à l’avenir, de l’ordre de cinq à six annuelles actuellement. L’étendre aussi à des territoires jamais couverts jusqu’à présent. Et d’arriver quasiment à la même promesse que l’aventure télévisuelle : « À la fin, il n’en restera (auc)un ». Promis, on vous donnera de leurs nouvelles. ♦

 

Bonus 
  • Un concept provençal – La première start-up des Entreprises Éphémères a été montée en 2015 à Arles. Céline Garence et Didier Krief, deux formateurs en insertion professionnelle, sont à l’origine du projet. En plus de Marseille, une autre est actuellement en cours à Moulins, dans l’Allier. La prochaine aura lieu à Rennes du 9 novembre au 22 décembre. Plus d’informations en cliquant ici.
  • Les financements – Ils proviennent entièrement de Pôle Emploi. L’entreprise éphémère marseillaise se situe dans l’immeuble Eko Active, à Arenc. Les bureaux ont été mis à disposition par la Ville de Marseille.
  • Les profils des participants – Quelques chiffres supplémentaires
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