[vacances #2] Chaque année, des familles restent à quai par manque de moyens. Pour y remédier, Parents Vacances met en lien depuis 2019 des propriétaires solidaires avec des parents en situation précaire accompagnés toute l’année par des associations de confiance. 52 familles partent ainsi une semaine cet été, au bord de la mer, à la montagne ou à la campagne.
La maison se niche à 40 mètres de la mer, au cœur de Callelongue, une des nombreuses calanques de Marseille. Ce bijou comporte « quatre couchages, un patio, un barbecue et un parking privé », égraine Marc, son propriétaire. Son nom ? Le Cabanon du Pêcheur. Ce Marseillais, touché par l’initiative de Parents Vacances, découverte aux infos, a décidé cette année d’y contribuer. « Je loue suffisamment bien pour libérer une semaine », explique ce tout juste retraité qui a bloqué celle de la fin août, « du reste, la seule qui me reste ». Le reportage à la télévision lui a rappelé de « vieux souvenirs » : il fut, dans sa jeunesse, animateur puis directeur de camps d’ados en difficulté. Il n’a par conséquent aucun à priori à mettre à disposition son bien pour l’association, « l’expérience m’apprendra si je fais bien ou pas ».
Une famille lyonnaise suivie par le Secours Catholique
Cet homme de 64 ans sait déjà quelle famille va venir occuper son cabanon. Des Lyonnais avec leurs deux enfants, 3 et 7 ans. Il les a vus en visioconférence à deux reprises, avec Parents Vacances et le Secours Catholique – association qui les accompagne durant l’année. « Ils ont besoin d’un lit bébé que j’ai déjà. Je leur prêterai également les accessoires de plage », raconte ce Callelonguais, « depuis cinq générations ! ». Il s’est même proposé d’aller les chercher gare Saint-Charles, leur évitant de multiplier les transports. À part prêter son bien, il ne s’occupe de rien. Ni du contrat, ni de l’assurance.
Toutes les formalités effectuées par Parents Vacances
L’association prend le rôle de tiers de confiance. Elle s’occupe des démarches administratives : bail, attestation d’assurance civile et double assurance offerte par Europe Assistance. « Pour les propriétaires en cas de casse, mais aussi pour les familles en cas de pépin de santé », précise Bertrand Hartmann, fondateur-président de l’association (sur l’origine de l’idée, visionner la vidéo en bas de page). Cadrer le séjour, comme organiser des visio entre les familles et les propriétaires, participent à son bon déroulement. « Nous bénéficions également de solides garanties sur les familles suivies toute l’année par des associations (bonus) », précise ce fervent défenseur de l’égalité des chances. Ce sont ces partenaires qui repèrent et envoient les familles à Parents Vacances.
100 séjours en 2024
Habituellement, seuls les enfants ont la possibilité de partir en vacances grâce à différents organismes, pas les familles. Cet aspect est essentiel pour Bertrand Hartmann. Ce père de quatre enfants est convaincu que « la famille, quelle que soit sa forme, sa composition, son origine ou sa situation, est une source d’épanouissement, de développement et d’équilibre. Que les vacances renforcent les liens familiaux et favorisent l’épanouissement des enfants ». L’association a permis à vingt familles de partir en 2022 un peu partout en France. Elles seront 52 cet été. Bertrand Hartmann aimerait doubler ce chiffre en 2024, sans pour autant « faire la course au volume ». L’idée est que « ça se passe bien pour les familles et les propriétaires. Et pour l’instant, ça se passe bien ».
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De belles histoires
Ce Lyonnais qui prête chaque année sa maison secondaire dans l’’Hérault parle même de « belles histoires ». Il cite notamment cette famille de réfugiés, accompagnée par l’association Tadamoon au Mans, qui a séjourné à La Baule, à 200 mètres de la mer. « Cette image change des photos de réfugiés et de mer dramatiques ».
Il évoque également cette autre famille qui a déjeuné avec les propriétaires avant que ces derniers ne leur laissent la maison et partent en vacances. Sur la photo – deux couples avec six enfants -, « on ne distingue même pas à quels parents appartiennent les enfants ».
Enfin, il en montre une autre – deux bouteilles remplies l’une avec le sable de La Baule, l’autre l’eau de la mer. Ces photos et la générosité des propriétaires « qui se disent ‘’chiche’’, je prête ma maison » portent le fondateur qui mène l’association, en plus de son travail comme cadre dans un grand groupe à Paris.
Partir en famille pour la première fois
Hawariat et ses deux filles font partie des bénéficiaires de cette année. Elles ont séjourné à Toulon début juillet. « Je n’étais jamais partie en vacances, mes filles oui, en colo avec ACE (Action catholique des enfants – Ndlr), mais pas moi », étaye cette Érythréenne qui a vu pour la première fois la mer. « La maison était super bien, je me suis reposée, j’ai pu profiter de mes filles ». Hélène, son aînée, renchérit : « C’était la première fois que nous prenions le bateau, nous avons été sur l’île de Porquerolles ».
La lycéenne a apprécié ce temps en famille, facilité par les propriétaires qui habitaient au-dessus. « Ils ont pris le temps de tout nous expliquer : les bus, les plages… ». Cette parenthèse enchantée leur restera à jamais en mémoire et leur permettra de passer la fournaise de l’été à Lyon, leur ville, plus facilement.
Ouverture aux petites vacances
La question de la gratuité s’est posée. Faut-il demander une contribution symbolique ? Un échange de service comme tondre la pelouse ? « Nous avons décidé de ne demander aucune contrepartie, quelle qu’elle soit, pour qu’ils profitent vraiment de leurs vacances. La seule chose envisageable est de nourrir les animaux s’il y en a », détaille le président de l’association.
Les familles bénéficient-elles de Parents Vacances d’une année à l’autre ? « Oui, mais on laisse la main aux associations, les plus à même d’identifier les besoins ».
Pour 2024, il envisage d’ouvrir le dispositif aux petites vacances. Marc, le propriétaire marseillais envisage déjà de mettre son cabanon – « un vrai » – à disposition dès la Toussaint.♦
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Les besoins : des propriétaires solidaires pour les vacances 2024
Bonus
- Associations partenaires : Habitat et Humanisme Rhône, Secours Catholique, Maison des Familles de Vaux-en-Velin, Grenoble et Marseille, Tadamoon au Mans et Notre-Dame des Berges.
- Effectifs. L’association compte quatre bénévoles, une soixantaine de propriétaires solidaires adhérents (20 euros l’adhésion) et une personne rémunérée ponctuellement pour assurer les démarches administratives, la coordination avec les partenaires et les ‘’matchings’’ entre familles et propriétaires.
- Aides : des fondations privées qui souhaitent rester anonymes, excepté la Fondation Saint-Irénée.
- Autres témoignages : ‘’(…) Nous avons pu passer de très bons moments en famille, profiter du cadre magnifique de La Plagne et de ces activités d’été pour nos enfants. Pouvoir se reconnecter à la nature et retrouver le calme et la fraîcheur a été revigorant pour nous. Cette semaine a été une merveilleuse découverte et une expérience à revivre’’.
‘’À la base pour nous, c’était un peu de stress de tout organiser pour tout préparer pour quatre, surtout qu’on n’avait jamais fait. Une fois là-bas, c’est redescendu. On a découvert un nouvel endroit, loin de Lyon, c’était ça l’important : de montrer de beaux paysages à nos enfants. Ça nous a permis de se retrouver à quatre, c’était vraiment bien, c’était magnifique, ressourçant. L’accueil c’était top ! On n’a pas pu se croiser (avec les propriétaires – ndlr), mais ils nous ont bien accueillis sans être là. Ils nous ont laissé une bouteille et un gâteau. On avait le sourire, même sans les voir (…)’’
