La vie de Mohand Sidi Saïd est un livre, qui tient à la fois du conte de fées, du manuel de carrière et du précis de philosophie. Rien en effet ne prédestinait un petit Kabyle, né pauvre et au travail dès 7 ans, à devenir un jour vice-président du célèbre laboratoire Pfizer et du puissant syndicat pharmaceutique américain PhRMA. Échanges à bâtons rompus.
Affable et souriant, Mohand Sidi Saïd, 84 ans, me reçoit dans sa vaste bastide de la campagne aixoise. Jardin blanchi par le gel et, à l’image du champ d’oliviers, nature en hibernation. Le rendez-vous a été décalé de deux jours pour suspicion de Covid. Je suis donc invitée à m’enduire généreusement les mains de gel hydroalcoolique.
Chef de famille à 9 ans
Il a 7 ans quand il commence à travailler, transporter et débiter du bois pour en faire du charbon. Et dans les montagnes du Djurdjura, l’hiver est rude. Il en a 9 quand, son père étant mort en France, il devient chef de famille. Un an plus tard, il rentre à l’école grâce à un cousin instituteur. Mohand se découvre alors « une soif d’apprendre illimitée ».