L’entreprise Clever Series conçoit des bornes où réparer facilement son vélo en cas de panne. Les cyclistes y trouvent tous les outils nécessaires pour résoudre leur problème technique, qu’il s’agisse d’un frein, une pièce desserrée, un pneu dégonflé ou crevé… Et pour les moins mécanos, des tutos vidéos sont même disponibles. Près de 250 stations sont déjà opérationnelles partout en France.
La petite reine a le vent en poupe ces dernières années. Reste que beaucoup de cyclistes négligent un point essentiel à sa bonne pratique : l’entretien. Sans un suivi régulier, c’est la panne assurée. Pour répondre à ces « impondérables ennuis de mécanique », Clever Series a mis au point des stations de réparation en libre-service. Elles sont dotées d’un ou deux cale-roue ainsi que d’un support pour accrocher son vélo via la tige de la selle. « L’usager peut ainsi réparer lui-même son vélo en toute autonomie et de façon confortable », explique Didier Debbouze, à l’origine de cette entreprise basée à Vernègues, près de Salon-de-Provence.
Accessibles même aux non-mécanos
Les bornes disposent de tous les outils indispensables à la réparation. Clés – Allen, à pédale, à rayon, à molette –, tournevis, démonte-pneus, pompe, embout… Ils sont en libre accès, mais attachés par des câbles pour empêcher d’éventuels vols. « Ceux qui nécessitent une rotation sont en plus montés sur des émerillons pour permettre leur bonne utilisation », complète l’entrepreneur. Et puisque tous les cyclistes ne sont pas forcément des bricolos dans l’âme, un QRcode à scanner avec son smartphone donne accès à des tutos en ligne. « Il s’agit de vidéos des mécaniques les plus courantes pour entretenir et dépanner son vélo. Elles ont été conçues de façon ludique et chaque étape est détaillée à l’écrit », souligne-t-il.
Clever Series a mis au point six modèles de stations, avec plus ou moins de fonctionnalités. L’une se fixe par exemple directement sur un mur, pour les petits espaces comme les abris vélos. Sur une autre, une tablette à l’arrière permet en outre de réparer différents engins de sport de glisse (skateboard, snowboard, trottinette…). Il en existe même une avec des prises pour recharger sa batterie de vélo à assistance électrique.
Le prix d’une borne oscille entre 780 et 3 600 euros TTC. Ce tarif inclut notamment la personnalisation de la couleur et l’intégration d’un éventuel logo. Clever Series propose ensuite un abonnement pour la maintenance, mais les clients peuvent choisir de l’assurer par leurs propres moyens.
-
Lire aussi l’article « Avec Ciklet, le vélo reconditionné se démocratise »
La région Paca à la traîne
Près de 250 stations signées Clever Series sont aujourd’hui opérationnelles partout en France. Elles sont commercialisées depuis 2020, après deux ans de R&D. Les clients sont aussi bien des collectivités qui souhaitent en déployer dans l’espace public que des entreprises qui veulent offrir ce type de services à leurs salariés ou visiteurs – des campings et hôtels se sont par exemple équipés. « La toute première a été installée au CNRS à Grenoble. Et la première commune à s’être dotée d’une station est Sarralbe, en Moselle », précise Didier Debbouze.
Côté présence dans l’espace public, c’est majoritairement à Bordeaux qu’on trouve le plus de bornes de chez Clever Series. Suivent ensuite l’Île-de-France et le nord du pays. Les Bouches-du-Rhône, où se situe pourtant le siège de l’entreprise, sont par contre peu achalandées : seules les villes de Pélissanne et Lambesc en ont acheté. « Le développement cyclable est moins fort dans notre région. C’est sûr que nos villes sont moins plates que Bordeaux par exemple, mais je pense qu’il y a également un vrai problème sur le déploiement des mobilités à faibles émissions. Or, il faut mener un gros travail sur les infrastructures pour inciter à l’utilisation du vélo. Sans ça, la pratique ne sera pas assez sécurisée aux yeux des gens », considère cet ancien professionnel de BMX.
-
Lire aussi l’article « Solution antivol de vélo : l’hébergement chez les particuliers »
Le e-commerce en ligne de mire
Clever Series dispose actuellement d’un petit stock de bornes, ce qui lui permet de les livrer sous cinq jours à ses clients. « L’objectif est de l’augmenter pour garantir un délai de livraison de 48 heures, ainsi que de vendre en ligne », glisse Didier Debbouze. Il se fournit en matières premières et matériaux auprès d’entreprises locales, aussi bien pour les pièces de chaudronneries que la peinture. Un point d’honneur, attaché qu’il est à faire vivre le tissu économique régional. Les stations sont ensuite assemblées directement au siège. Si le fondateur fait pour le moment appel à des prestataires indépendants, il espère recruter et monter une équipe dans le futur.
Didier Debbouze a récemment participé aux Rencontres du vélo et des mobilités douces à Marseille (bonus). Il y a présenté ses bornes de réparation lors d’une pitch party, aux côtés de 11 autres jeunes pousses. S’il n’a pas décroché l’un des coups de cœur du jury ou du public, il a rencontré un chef d’entreprise du territoire intéressé pour l’aider à développer son activité. Une belle opportunité dans un contexte qui lui est déjà favorable. La crise liée au Covid-19 a en effet mis un coup d’accélérateur à la pratique du vélo. Bien que les volumes de deux-roues vendus aient baissé en 2022 (-7% sur un an d’après l’Union Sport et Cycle), il s’en est écoulé plus de 2,5 millions. Et l’engouement est loin de retomber. ♦
Bonus
- Un distributeur de chambres à air en libre-service – C’est ce qu’a mis en place le magasin Cycles Fayah situé aux Réformés, à Marseille, comme l’a indiqué La Provence. Il est accessible 24h/24, même en dehors des horaires d’ouverture, et propose six types de chambres à air. Pratique pour dépanner les cyclistes en cas de crevaison. Le gérant de cette boutique de vente, réparation et location de vélos d’occasion révisés a pour ambition d’en déployer d’autres et espère que son initiative fera des émules.
-
- Le vélo et les mobilités douces ont leur événement dédié à Marseille – Organisée par le média Gomet’, la deuxième édition de ces Rencontres du vélo et des mobilités douces (dont Marcelle est partenaire) a eu lieu le 25 mai dernier. Un rendez-vous destiné à susciter la réflexion et mettre en lumière les bonnes pratiques. Parmi les temps forts de cette journée, une « Sprint Party » où 12 start-up et entreprises ont pitché leur projet. Dont Didier Debbouze, qui a présenté Clever Series et ses bornes de réparation en libre-service. Le jury a attribué son coup de cœur à Jules Thévenod et sa plateforme de vélo reconditionné Mint Bikes. Le public a lui salué l’innovation de FAAR Easy Ride, co-fondée par Jean-Baptiste Barbaroux, à savoir une poussette qui se convertit en siège vélo.