Une équipe vétérinaire héraultaise a lancé Liv’Vet, une application de téléconseils. De quoi éviter les déplacements compliqués et inutiles pour les animaux et leurs maîtres en cabinet et pallier le manque de vétos sur certaines zones.
Tout est parti d’un appel de Londres. Celui qu’a reçu Jean-François Audrin, vétérinaire à Montpellier, de son fils se trouvant sur le sol anglais. Ce dernier cherchait un médecin, et il lui a été conseillé de passer par une application en ligne pour consulter, faute de mieux. « Outre-Manche, ce genre de service est répandu depuis longtemps alors qu’il a fallu attendre les confinements liés au Covid-19 pour que ça émerge chez nous », observe le vétérinaire. Dans sa tête a alors germé l’idée de téléconsultations vétérinaires. Il s’est basé pour cela sur divers constats.
D’abord que « 80% des urgences que nous recevons dans nos cabinets et cliniques ne nécessitent pas de déplacement de l’animal et de son maître ».
Et par ailleurs, la profession subit les mêmes affres que les soignants des humains. En effet, les déserts vétérinaires sont aussi prégnants que les zones dépourvues de médecins. Surtout en milieu rural où, faute de docteurs spécialisés en soins des bêtes, les éleveurs sont dans une profonde détresse et le bien-être animalier en péril. « Il y a 35 000 communes en France dont 33 000 de 5000 habitants et moins. Toutes ne sont pas pourvues d’un vétérinaire, loin de là ».
Des situations dans lesquelles les propriétaires se sentent démunis
Au 31 décembre 2021, 20 197 professionnels étaient inscrits au tableau de l’Ordre national des Vétérinaires. Le déficit cumulé d’entrants pour répondre aux besoins dus à la hausse du marché est estimé à plus de 2 700 praticiens. En ville notamment, la surcharge de travail est grande, avec une population d’animaux de compagnie qui ne cesse d’augmenter. « En France, les chats domestiques représentent plus de 15 millions de sujets. Les chiens sont sept millions. C’est sans compter toutefois les autres animaux domestiques », reprend Jean François Audrin.
Beaucoup de propriétaires d’animaux se sentent démunis dans certaines situations dont la gravité n’est pas avérée. Mais ne savent à quels saints se vouer. D’autres n’ont pas les moyens de se déplacer ou d’amener dans un cabinet leur animal stressé et récalcitrant face à la caisse de transport. D’autres encore sont situés dans des territoires où ils ne peuvent accéder à leur vétérinaire traitant. « C’est le cas d’un Français qui nous a appelés alors qu’il était au Danemark avec son animal de compagnie et son camping-car. Un autre nous a contactés de Dakar pour un problème d’hydratation que nous avons pu solutionner en ligne ».
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Le vétérinaire oriente vers une prise en charge en cabinet si nécessaire
Au début de l’aventure, entouré de Sabrina Khouda, assistante vétérinaire, et de techniciens du web, le médecin héraultais planche sur une application de téléconsultation. Mais après deux ans de Covid et dix-huit mois de période d’essai, la copie doit être révisée. « C’était très compliqué à mettre en place auprès des consœurs et confrères et nous avons été confrontés à leur frilosité ». Alors l’équipe concentre son énergie sur le développement d’un outil de téléconseils en problèmes de santé mineurs, d’alimentation ou encore de comportement.
L’application Liv’Vet voit le jour dans sa version finale en mai 2023. Elle est gratuite à télécharger et facile d’utilisation. Elle comprend un blog qui diffuse de nombreux conseils. En quelques minutes, le temps de la connexion audio et visuelle, un vétérinaire est là pour écouter et répondre aux questions. Il va estimer dans un premier temps s’il peut apporter une réponse à distance. Si cela n’est pas possible, il orientera le patient animalier et son maître vers le confrère le plus proche pour une prise de rendez-vous classique ou en urgence si cela est nécessaire.
Six vétérinaires se relaient à l’écoute sept jours sur sept
L’application enregistre une quinzaine de demandes tous les jours. Les principaux conseils dispensés sont relatifs à des problèmes de peau, soucis digestifs, stress, petites plaies ou boiteries. Durant l’entretien vidéo, le véto prodigue les indications adaptées à la situation qu’on lui explique et qu’il visualise. Toutefois, les conseils ne concernent pas que les matous et autres toutous. Ils s’adressent aussi aux chevaux et autres équidés, aux oiseaux, aux rongeurs, aux furets…
Au terme du rendez-vous, un mail est envoyé au patient avec un compte-rendu détaillé de la conversation, des recommandations et des vidéos pour assurer la bonne gestion de la santé de l’animal. L’entretien est facturé 23,70 euros, quelle que soit sa durée. Le véto ne pose aucun diagnostic et ne délivre aucune ordonnance. Il peut toutefois conseiller une médication que l’on se procure aisément en pharmacie.
Six vétérinaires, répartis en France, se relaient tous les jours de la semaine, de 8h à minuit. Même le dimanche. « Nous espérons agrandir prochainement notre équipe de nouveaux médecins ». ♦
Bonus
- Une sacrée ménagerie
On l’a dit. Les chiens sont au nombre de 7 millions et les chats les surpassent en arrivant à 15 millions. Ces derniers ne sont toutefois pas les premiers sur le podium des animaux de compagnie les plus nombreux. La palme revient en effet aux … poissons. Ils sont 32 millions. Suivis donc des chats et puis des poules (environ 12 millions). Les chevaux, les ânes ou encore les poneys sont au nombre de 700 000.
Tout ceci, c’est bien joli, mais bien qu’en France on aime les animaux domestiques, on les abandonne aussi. On déplore 100 000 actes de lâcheté chaque année, dont une majorité l’été. Autant le répéter : un animal n’est pas un jouet ni un objet. Selon les termes de l’article 515-14 du Code civil, c’est un être vivant doué de sensibilité.