[train #3] Après le covoiturage, la livraison collaborative fait de plus en plus d’émules. Lancé en janvier 2021 par des Marseillais, WePost permet aux particuliers et professionnels de confier leur colis ou pli à un voyageur de TGV pour le faire livrer en quelques heures. Une solution économique, écologique et conviviale.
Antoine est étudiant à Marseille. Le jeune homme de 22 ans aimerait se rendre cet été à un festival de rap à Nantes. Mais le billet de train lui est financièrement inaccessible. Une amie lui a parlé de WePost : cheminer un colis lui permettrait de gagner jusqu’à 20 euros. Il lui suffit de cliquer sur l’onglet ‘’Je veux transporter’’ de l’application et d’enregistrer son voyage, son mail et son numéro de téléphone. Si un particulier ou un professionnel est intéressé par son trajet – fixé le 3 août à 17 heures, il recevra un SMS. Libre ensuite à lui d’accepter la demande. Comme Antoine, la majorité des transporteurs sont des étudiants. Grâce à cette solution, ils peuvent optimiser leur pouvoir d’achat.
Rapidité, simplicité…
L’intérêt pour le particulier ou le commerçant est de livrer/recevoir son colis rapidement. « Dans la journée ! », se réjouit Sandy Allegre, directrice de Mady, marque de cosmétiques naturels fabriquée dans un laboratoire marseillais. La société commercialise ses produits en ligne, mais aussi dans les concept-stores parisiens. C’est pour ces derniers que WePost intervient : ils veulent la marchandise promptement ? Ils la reçoivent en quelques heures. Tandis qu’avec un transporteur classique, comme La Poste ou Mondial Relay, les délais sont plus longs – « entre 48 heures et 5 jours ».
La cheffe d’entreprise, qui envoie une dizaine de colis sur le TGV Marseille-Paris par semaine, loue également la simplicité du procédé, « il nous suffit de déposer le colis dans le point relais près de la gare Saint-Charles, à l’Hôtel Ibis ». Au voyageur de le récupérer ensuite via un QR code.
…et efficacité
Ce service est ouvert à toutes les régions en France, pour peu qu’elles soient desservies par une gare, principalement TGV – « le TER est peu déployé », annonce Sophie Brette, co-fondatrice de WePost avec Bruno Hameurt – qui a eu l’idée de ce service après un oubli de clé.
Le poids du colis doit être inférieur à 3 kilos et son volume rentrer dans la valise du voyageur. Peu importe la valeur du contenant. De nombreux colis concernent d’ailleurs portefeuille, sacs à main, montre, carte bleue, smartphone, ordinateurs…
Des oublis que les propriétaires « viennent généralement récupérer directement en main propre, sur le quai de la gare ! », sourit Sophie Brette qui tient à rappeler cependant que WePost ne doit pas être réduit aux objets oubliés. « Notre ADN est le transport de petits colis ».
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Zéro émission
Ce qui a motivé au départ la décision de Sandy Allegre, lorsqu’elle a rencontré WePost il y a deux ans sur un salon bio, c’est sa dimension écoresponsable. « Nous sommes aussi dans cette dynamique. Nos packagings sont par exemple en verre et non en plastique », souligne l’entrepreneuse, qui connaît bien les différents modes de transports. Selon elle, WePost est la « vraie solution » pour limiter son impact carbone. « Car c’est une problématique quand on est loin de ses clients, ce qui est notre cas ».
Alors que l’e-commerce ne cesse de progresser, avec un volume d’activité estimé à 1 milliard de colis par an selon l’Ademe, WePost apparaît pour sa cofondatrice comme « la seule solution zéro émission de CO2 pour le transport longue distance, dans un contexte où la rapidité est un facteur aggravant de pollution ». La société utilise un transport à énergie verte et profite de surcroît d’un voyage déjà programmé. Chez les autres transporteurs, même « s’ils ont fait énormément d’efforts sur l’électrique », il y a forcément un transport à un moment donné en camion « quand le colis ne passe pas par d’autres Hubs (plateformes de correspondance NDLR) ou d’autres villes ».
« Les impacts du commerce en ligne sur l’environnement sont fortement liés aux emballages des colis, au taux de chargement des véhicules, au recours au transport express et/ou aérien, à la distance parcourue ainsi qu’aux déplacements des consommateurs et aux retours », Ademe.
Économique
Le tarif d’une expédition express, le jour même ou en 24 heures, est fixé par un algorithme en fonction du poids, de la taille, de la distance et du délai de livraison. « Un Marseille-Paris ne coûte pas le même prix qu’un Marseille-Aix, par exemple. Ni une demande de livraison en cinq heures plutôt qu’en deux jours. C’est l’algorithme qui calcule et fixe le prix », détaille Sophie Brette. Elle précise cependant qu’il reste souvent moins cher que le tarif des transporteurs « expressistes classiques ». Entre 8 et 20 euros pour un colis.
WePost n’a pas eu encore à déplorer d’objet abîmé ni même de vol. Une assurance de 150 € est cependant comprise dans le prix. Libre ensuite au client d’augmenter ce montant, comme pour n’importe quel transporteur. En outre, les WePosteurs peuvent échanger via une application sécurisée, un système de vérification de profil et de géolocalisation du colis en temps réel.
Sophie Brette est l’une des 18 lauréates 2023 de la promotion SISTA EntrepreneurEs x BNP Paribas : un accompagnement unique et des rencontres privilégiées avec les investisseur·es du réseau SISTA ainsi que des acteurs phares de La French Tech pour leur permettre d’accélérer leur activité.
Livraison à domicile
En deux ans et demi d’existence, la startup installée dans l’incubateur ZEBOX, a fait évoluer son modèle Elle a désormais dix consignes click’n collect en France, dont les Ibis et les espaces coworking Wojo. Et possède même un relais nomade à Paris en vélo cargo. Surtout, elle propose désormais de livrer/récupérer le colis à domicile grâce à ses partenaires cyclologistiques.
Jusqu’à présent, la clientèle est composée à 70% de particuliers et à 30% de professionnels. Un rapport que WePost souhaite inverser dès la rentrée. Elle développe actuellement des partenariats avec des enseignes, notamment dans le e-commerce, qui comptent envoyer « plusieurs centaines de colis par jour – vêtements, téléphonie et cosmétiques principalement ». Pas de nom pour l’instant, « c’est en cours de signature ». Cette clientèle d’e-commerçants permettra à la startup de traiter un volume de colis plus important et récurrent. Conditions pour faire perdurer le modèle… Et assurer la correspondance entre facteur en herbe et clients: « Plus nous avons de colis récurrents, plus nous allons recruter (via communication) de voyageurs sur ces trajets et donc avoir des ‘’matchings’’ ».
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20 000 WePosteurs
L’entreprise, qui réunit plus de 20 000 membres dans toute la France, a créé également des sacs de transport pour les professionnels, leur permettant d’acheminer plusieurs objets. Et au voyageur d’être mieux rémunéré.
Antoine guette son téléphone, il n’a pour l’instant pas de touche. Son amie le rassure, le matching s’est produit pour elle deux jours avant son départ. Un vendeur Vinted lui avait confié un jouet de collection pour un Parisien qui le souhaitait le jour même pour l’anniversaire de son fils. Mission accomplie. La jeune fille, elle, a gagné 20 euros.♦
Bonus
- Autres transports collaboratifs : Shopopop, des particuliers qui profitent de leurs trajets quotidiens pour livrer. Tut tut, service de livraison entre particuliers : acheminer par exemple un jouet trouvé dans un magasin à Tours à Avignon.
- WePost est un service développé par la startup Marseillaise We Society créée en novembre 2020. Soutenue par la French Tech, BPI France et le CIC, la startup finalise une première levée de fonds. La solution WePost est le fruit de plusieurs technologies numériques liées à la mise en relation, au parcours utilisateur, à la sécurité, au tracking ou à l’optimisation : Algorithme prédict ML, personnalisation du parcours, Modèle algorithmique, A/B, testing, machine learning, analyse statistique.